Critiques

Interpol

El Pintor

  • Matador Records
  • 2014
  • 40 minutes
8
Le meilleur de lca

Interpol_-_El_Pintor_cover_artLe désormais trio new-yorkais Interpol (puisque le bassiste Carlos Dengler a quitté la formation durant l’enregistrement du soporifique album éponyme paru en 2010) fait paraître ces jours-ci son cinquième album studio intitulé El Pintor; une anagramme d’Interpol qui signifie «The Painter» dans la langue de Shakespeare. Par conséquent, c’est le chanteur/guitariste Paul Banks qui assure à la basse sur ce El Pintor, accompagné toujours par le guitariste Daniel Kessler et par le batteur Sam Fogarino.

Les fanatiques de la formation allaient de déception en déception au fur et à mesure que paraissaient les créations d’Interpol; un groupe férocement sur son déclin depuis Antics (2004). De notre côté, on n’attendait absolument plus rien de la part de la bande à Banks… et bien, votre vieux scribe (un tantinet fanfaron à ses heures) a reçu en plein visage sa première baffe musicale depuis la naissance du Canal Auditif, car Interpol catapulte dans les bacs son meilleur opus depuis l’emblématique Turn On The Bright Lights, rien de moins!

Colligé aux studios Electric Lady et Atomic Sound, réalisé par le triumvirat lui-même, mixé par le réputé Alan Moulder (Arctic Monkeys, The Killers, Nine Inch Nails, etc.), Interpol retourne aux bases de ce qui avait fait le jadis succès de la formation: ce post-punk à la Joy Division grandiose et énergique à la fois, sans jamais tomber dans l’apathie qui caractérisait les précédentes tentatives. Tout en sitedemo.caiguant des structures chansonnières plus singulières qu’à l’accoutumée, Paul Banks est mélodiquement inspiré, la section rythmique est légèrement moins linéaire et les chansons sont totalement au rendez-vous.

Sans être aussi indispensable qu’au début de leur carrière, Interpol peut aisément se féliciter d’avoir mis sur le marché un El Pintor d’une indéniable pertinence. Kessler est plus que jamais à la hauteur grâce à ses alarmes guitaristiques braillardes, Fogarino est toujours aussi carré, mais il réussit à ajouter certains éléments qui viennent amplifier l’animosité de ce El Pintor, le groupe expulsant ainsi une puissance décuplée comme un presto qui nous éclate en plein visage. Que dire de Banks? Complètement inspiré, mélodiquement fédérateur et irréprochable!

Aucun morceau anémique au compteur… et ça ne fait que du bien, on vous le garantit! Le simple/locomotive All The Rage Back Home, le crescendo sublime menant à la conclusion majestueuse de My Desire, la parfaitement Interpol titrée Anywhere, l’émouvante Everything Is Wrong, les voix mixées à l’avant-plan accentuant l’explosion sonore sur Breaker 1, la magistrale Ancient Ways ainsi que le superbe refrain enfiévrant Tidal Wave feront probablement partie des prochains faits d’armes d’Interpol en concert.

Ceux qui avaient capitulé devant les offres sonores déficientes d’Interpol devront revoir leurs positions quant à l’adéquation de la formation. Certains pourraient affirmer qu’il était temps, mais dans la vie, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Donc, plus d’excuses pour Interpol puisqu’avec l’avènement de ce El Pintor, Banks, Kessler et Fogarino font éloquemment la preuve de ce dont ils sont parfaitement capables. L’énorme surprise musicale de 2014 jusqu’à maintenant!

Ma note: 8/10

Interpol
El Pintor
Matador Records
40 minutes

www.interpolnyc.com

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