Critiques

yautja

Yautja

The Lurch

  • Relapse Records
  • 2021
  • 46 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Oh que voilà un disque excitant!

Ne vous méprenez pas sur mes intentions. J’adore quand l’étiquette Relapse sort de sa zone de confort pour nous proposer des artistes moins métal pur et dur, comme Nothing, Myrkur ou Cherubs. Par contre, une partie de moi attend depuis longtemps le nouveau Remission de Mastodon.

Bien sûr, je ne parle pas de la copie conforme de ce premier album du groupe de Géorgie, mais d’une œuvre qui représente plutôt la même sensation d’assaut ininterrompu sur les oreilles et qui joue dans les mêmes plates-bandes salissantes, parfois extrêmement brutales ou simplement bien boueuses.

Je pense que le label vient de recruter son nouveau band-monstre : Yautja.

Les plus férus de culture pop d’entre vous auront vite remarqué que le nom du trio de Nashville, Tennessee, est également celui de la race de chasseurs extra-terrestres de la franchise Predator. C’est un bon choix d’appellation pour un groupe dont les riffs crasseux n’ont pas une gueule de porte-bonheur.

Kayhan Vaziri, Shibby Poole et Tyler Coburn font dans le grindcore particulièrement gras depuis 10 ans. Auteurs et compositeurs d’un album brutal et concis en 2014 (Songs of Descent), d’un mini-album compagnon en 2015 (Songs of Lament) et d’une panoplie de EP et de splits (avec Enabler, Fòrn et Chepang) lancés au compte-gouttes, ils ont annoncé leur signature sur Relapse en février dernier et ils sont enfin de retour pour la suite.

Que l’on parle de l’agression ininterrompue de la première piste du disque (A Killing Joke), de la lenteur terrifiante de Undesirables ou de l’efficacité absurde de Tethered, c’est la lourdeur rythmique qui domine ici l’ensemble. Je me suis surpris à quelques reprises à penser à Primus, un autre trio adepte des rythmes complexes où la basse domine. C’est peut-être juste moi, mais il y a un petit quelque chose dans la manière de mixer la guitare un peu en arrière-plan qui me rappelle les premiers enregistrements de la bande à Les Claypool.

Évidemment, c’est la seule comparaison qu’on peut faire avec Primus puisque Yautja ne se nourrit vraiment pas des mêmes influences. On nage plutôt en eaux troubles provenant de sources death-grind, sludge et même hardcore. Je parlais du Mastodon des premières années plus tôt et cette comparaison tient la route au niveau de l’homogénéité stylistique des trois gars qui chantent à tour de rôle sans que l’on puisse aisément différencier leurs voix. Les paroles impressionnistes hurlées représentent elles aussi un point commun entre les deux groupes.

Terminons simplement en affirmant que nous avons là un excellent disque qui insuffle de la nouveauté dans un style qui ne cesse de se réinventer. On se retrouve en terrain familier, mais les dynamiques à couper le souffle et les années d’expérience des trois potes nous offrent une sacrée leçon de puissance et de précision. La barre est très haute pour le prochain. Espérons que leur virage vers le stoner rock d’aréna saura se faire attendre.

Yautja sera sans l’ombre d’un doute LE band à voir à Heavy Montreal 2022, 2023 ou 2024, s’il nous reste un peu d’intensité à vivre en ce bas monde.

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