Wild Nothing
Life Of Pause
- Captured Tracks
- 2016
- 50 minutes
L’auteur-compositeur-interprète Jack Tatum, alias Wild Nothing, avait fait paraître Nocturne à l’automne 2012; disque que votre critique adoré avait plus ou moins prisé. Vendredi dernier, Life Of Pause faisait son apparition dans les bacs et à la lumière du premier simple titré Reichpop, je m’attendais à un virage pop accentué de la part de Tatum. Enregistré entre Los Angeles et Stockholm, réalisé par Thom Monahan (Devendra Banhart), Life Of Pause met en vedette deux invités: John Eriksson (Peter, Bjorn And John) et Brad Laner, le meneur de la formation Medicine.
Je confirme. Ce Life Of Pause est plus pop, mais pas au sens racoleur du terme, car Tatum garde intact l’esthétique «pop rêveuse solaire» que l’on accole à sa musique. Ce sont les mélodies plus satisfaisantes et complexes qui suggèrent le qualificatif «pop» à l’auteur de ces lignes. J’entends toujours chez Wild Nothing cette mixture de Real Estate et The Pains Of Being Pure At Heart, mais le musicien incorpore des ascendants soul/jazz à sa musique (Whenever I et Lady Blue) ainsi que des éléments dits glam rock (A Woman’s Wisdom et To Know You) qui le distingue de ses semblables.
Qui dit pop, dit habituellement voix à l’avant-plan dans le mix. C’est bien le cas sur ce nouvel album, mais l’instrumentation variée et une certaine prise de risque à l’égard des arrangements font que l’aspect mélodique «dans ta face» me tape moins sur les nerfs qu’à l’accoutumée. Soyez sans crainte, ce n’est pas mixé comme un album d’Éric Lapointe ou l’on entend notre Ti-Cuir national dominer outrageusement son band…
Life Of Pause demande plusieurs écoutes afin d’en apprécier pleinement toutes les subtilités. Si les trois premières chansons sont plus duveteuses, Wild Nothing égratigne quelque peu nos oreilles avec la noise-pop Japanese Alice positionnée au quatrième échelon. Ici, on pense à un groupe comme The House Of Love; preuve de la variété stylistique des chansons de Wild Nothing. C’est ce que j’avais reproché au précédent effort; une linéarité chansonnière et une uniformité mélodique qui m’avaient plongé dans les bras de Morphée.
En plus des morceaux évoqués précédemment dans le texte, j’ai affectionné la chanson-titre Life Of Pause, particulièrement le refrain accrocheur. J’ai également apprécié le motif de guitare «vers d’oreille» qui soulève Aliens, le changement de rythme aussi subit que jouissif dans Adore de même que le rock un tantinet orchestral intitulé TV Queen. Plus on écoute ce disque, plus on embarque sincèrement dans la proposition.
Pas encore le gros disque pour Wild Nothing, mais c’est nettement plus intéressant que Nocturne, car le créateur a évité la redondance qui caractérisait ses chansons. Life Of Pause est juste assez accessible pour plaire aux amateurs de pop psychédélique à la Tame Impala et juste assez inventif pour toucher ceux qui vénèrent Beach House. Pour toutes ces raisons, Life Of Pause en vaut vraiment la peine. Un immense pas en avant.
Ma note: 7,5/10
Wild Nothing
Life Of Pause
Captured Tracks
50 minutes
http://www.wildnothingmusic.com/
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