Critiques

Wilco

Cousin

  • dBpm Records
  • 2023
  • 43 minutes
8
Le meilleur de lca

S’il y a une formation qui n’a plus besoin de prouver quoi que soit, et à qui que ce soit, c’est bien la vénérable bande menée par Jeff Tweedy. Vous n’avez qu’à consulter notre chronique titrée Pour le meilleur et pour le pire, et qui énumère tous les albums studio de Wilco classés du pire au meilleur, pour prendre conscience de la grande importance de la formation dans l’histoire de la musique états-unienne.

L’année dernière, Wilco plongeait à nouveau dans son passé dit « alt-country » en proposant Cruel Country, un long format sur lequel Tweedy s’interrogeait sur les mythes collectifs qui font des États-Unis un empire parfois « haïssable ». Cette fois-ci, et pour la première fois depuis Sky Blue Sky (2007), le sextuor a fait appel à une oreille extérieure pour réaliser ce nouvel album intitulé Cousin. C’est donc l’artiste galloise Cate LeBon qui a obtenu le privilège de collaborer avec la formation chicagoaine.

LeBon et Wilco se sont rencontrés initialement dans le cadre du Solid Sound Festival, événement mis sur pied par le groupe lui-même. Cet agréable rapprochement a incité Tweedy à convier la compétente musicienne au studio maison de la formation nommé The Loft et situé dans la « ville des vents ».

Cousin voit Wilco retourner à ses amours avant-gardistes, sans toutefois laisser en plan l’approche traditionaliste préconisée sur ses plus récents opus. Avec LeBon derrière la console, le groupe retrouve le goût du risque et escorte ses nouvelles chansons vers des atmosphères plus « nocturnes » tout en conservant intact le mode apaisé qui caractérise ses dernières créations. Ceux qui rêvaient d’un retour aux déflagrations rock des albums Star Wars (2015) ou A Ghost Is Born (2004) devront s’y faire. Wilco est devenu un groupe qui insuffle dorénavant beaucoup de sérénité dans sa musique. Après pratiquement trente ans de carrière à son compteur, cet adoucissement est tout ce qu’il y a de plus naturel.

Tout au long de ce Cousin, Tweedy nous entretient sur la difficulté de se connecter avec empathie aux autres dans un monde qui fait tout pour court-circuiter la clarté de communication. Une incommunicabilité qui, paradoxalement, est alimentée par tous ces canaux de communication qui accentuent la confusion ressentie par beaucoup de citoyens. Dans la pièce-titre, l’auteur évoque avec lucidité ce déficit d’intelligibilité communicationnelle :

When your red lies
Get crossed with mine
I object to you
Our deal’s un-struck

– Cousin

Parmi les moments marquants de cette treizième création studio, l’introductive Infinite Surprise comblera les admirateurs du chef-d’œuvre de Wilco, Yankee Hotel Foxtrot. Evicted recèle un je-ne-sais-quoi de la formation T.Rex, mais en plus contemplatif, bien entendu. Les superpositions de guitares acoustiques dans A Bowl And A Pudding confère à la pièce une sorte de profondeur indicible. Les arrangements dans Ten Dead sont superbes et viennent bonifier le texte de Tweedy qui fait référence à la prolifération des armes à feu chez nos voisins du sud. Pittsburgh porte la signature sonore de Cate LeBon et Meant To Be conclut cet album avec un optimisme dansant.

Cousin permet donc à la formation de se réconforter quant à sa capacité à prendre des risques… calculés. Près de trois décennies après sa naissance, Wilco est encore bien vivant, créativement parlant. Une chose très rare dans l’univers éphémère de la musique populaire.

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