Chroniques

Les albums de Wilco classés du pire au meilleur

C’est ce vendredi 29 septembre que paraîtra Cousin, le treizième album en carrière pour la vénérable et respectée formation Wilco. Afin de souligner l’apport considérable du sextuor dans l’histoire de la musique populaire américaine, nous vous avons préparé la liste commentée de tous les albums de la formation, classés du pire au meilleur.

Les collaborateurs qui ont participé à ce sondage sont Bruno Coulombe, Louis-Philippe Labrèche, Sébastien Noreau et Stéphane Deslauriers. Bruno Coulombe et Stéphane Deslauriers ont rédigé les descriptifs.

12- Schmilco (2016)

Mal-aimé de ce palmarès, Schmilco est un disque qui peut passer un peu inaperçu dans l’œuvre de Wilco. Issu des mêmes sessions d’enregistrement que Star Wars, ce dixième album de la formation offre un son plus épuré, avec moins d’expérimentation (outre l’étrange Common Sense et les guitares discordantes de Locator). C’est surtout un disque qui met en valeur la plume aiguisée de Jeff Tweedy, qui se remémore son adolescence avec nostalgie sur Normal American Kids en plus de rendre un hommage senti à sa mère décédée sur Happiness. Comme Star Wars, Schmilco porte la marque d’un groupe qui n’a rien à prouver. Un disque à posséder sur vinyle, ne serait-ce que pour la délirante pochette signée par l’illustrateur espagnol Joan Cornellá! (BC)

11 – Cruel Country (2022)

Voilà un album résolument folk country de la part de Wilco. Enregistré en direct dans le studio maison de la formation, Cruel Country est une virée apaisée dans la ruralité états-unienne. Ce sont les textes habilement tournés de Jeff Tweedy auxquels il faut porter attention pour bien apprécier cet opus. L’auteur remet en question, avec une désarmante sincérité, les mythes collectifs qui ont fait de l’Amérique cet empire parfois détestable. (SD)

10 – Wilco (the Album) (2009)

Le titre et la pochette de ce septième long format en carrière de Wilco sont singuliers. En fait, ils sont en parfaites contradictions avec les chansons en demi-teintes présentées sur cet album. Si le précédent effort, Sky Blue Sky, constituait un changement de registre apaisé comparativement aux sonorités expérimentales de A Ghost Is Born, Wilco (the Album), lui, est un disque sans aspérités, un peu paresseux et sans nouveaux territoires sonores à explorer. Un disque qui, étrangement, ne se positionne pas au dernier rang de notre liste… (SD)

9 – A.M. (1995)

Ce premier opus survient tout juste après la séparation de la formation country rock Uncle Tupelo, groupe dans lequel faisait partie Jeff Tweedy et Jay Farrar. Ce dernier en a profité pour former Son Volt. À l’époque, c’était l’album Trace de Son Volt qui avait récolté les éloges. Plusieurs journalistes musicaux prévoyaient alors un avenir peu reluisant pour Tweedy et ses acolytes, et pourtant… Si A.M. est encore aujourd’hui associé au mouvement « alt-country » qui sévissait à l’époque, l’album recèle malgré tout quelques pépites bien ficelées qui tiennent encore solidement la route. Casino Queen, en tête de liste. (SD)

8 – Ode to Joy (2019)

Sur Ode to Joy, on retrouve un soupçon de la chaleur de Sky Blue Sky, un peu du folk rock élémentaire de Schmilco et une pincée de l’esprit aventureux des albums Yankee Hotel Foxtrot et A Ghost Is Born, sans atteindre, bien entendu, les hauts standards créatifs que le groupe a établis au début de sa carrière. En réalité, c’est l’album qui plaît parfaitement aux purs et durs de la formation, mais qui laisse de marbre le néophyte qui découvre la bande à Jeff Tweedy pour la première fois. (SD)

7 – Sky Blue Sky (2007)

Sky Blue Sky est l’album du retour aux sources pour Wilco. Après avoir poussé à sa limite son désir d’expérimentation sur l’indélogeable Yankee Hotel Foxtrot (2001) et A Ghost Is Born (2004), la formation revient vers un son plus proche de ses racines, comme l’illustrent la ballade country-folk Either Way et la Dylanesque What Light. Ailleurs, le groupe se laisse aller à des envolées rock qui rappellent autant les Beatles (Walken) ou même Television (le duel de guitares qui conclut la superbe Impossible Germany, qui met en vedette Nels Cline). Sans être un chef-d’oeuvre, Sky Blue Sky n’en demeure pas moins un disque essentiel pour comprendre le cheminement du groupe et toute la subtilité du talent d’auteur-compositeur de Jeff Tweedy. (BC)

6 – The Whole Love (2011)

Sans être leur meilleur cru, The Whole Love constitue une des belles portes d’entrée pour faire connaître l’univers de Wilco à des néophytes. Dès l’intro d’Art of Almost, la batterie robotique installe une atmosphère audacieuse qui rappelle l’époque Yankee Hotel Foxtrot, jusqu’à cette finale tourbillonnante où la guitare de Nels Cline s’éclate. Mais l’album regorge aussi de pépites rock à écouter les fenêtres baissées en filant sur l’autoroute, de la bondissante I Might jusqu’à la l’explosive Standin O. Et c’est sans oublier la ballade épique One Sunday Morning, qui s’inscrit dans la grande tradition des titres-fleuves à la Dylan. Dans ce contexte, pas étonnant que The Whole Love ait valu à Wilco une nomination aux Grammys pour meilleur album rock. (BC)

5 – Summerteeth (1999)

Summerteeth est le premier opus de Wilco qui s’éloigne significativement du « folk country rock » de ses origines. Ici, les synthétiseurs modulaires, les mélodies « beatalesques » et les chansons frémissantes sont à l’honneur. Sur ce troisième opus, Wilco ne se contente pas d’être fortement inspiré, car en plus, on découvre que le groupe possède toutes les compétences techniques nécessaires pour concrétiser et bonifier sa vision artistique. Fait à noter, She’s a Jar et Via Chicago sont encore joués en concert par le groupe. Un polaroid des balbutiements expérimentaux de la formation. (SD)

4 – Star Wars (2015)

Lancé sans avertissement et offert en téléchargement gratuit, Star Wars est loin d’être un simple album « bonus » dans la carrière de Wilco. On y découvre au contraire un groupe en pleine possession de ses moyens, comme ceux et celles qui étaient présents pour leur prestation au Métropolis en septembre 2015 peuvent en témoigner. Certes, ce n’est pas leur album le plus abouti, mais c’est précisément ce qui fait son charme. La face A, entre autres, regorge de petits bijoux, de l’intro dissonante EKG jusqu’au quasi-space rock Satellite en passant par l’énergique Random Name Generator. Avec sa pochette et son titre absurde, Star Wars montre aussi un aspect sous-estimé de Wilco : leur refus de se prendre trop au sérieux. (BC)

3 – A Ghost Is Born (2004)

A Ghost Is Born est l’album chouchou de l’auteur de ces lignes. Pourquoi ? Parce que Wilco pousse encore plus loin ses ambitions expérimentales. Impossible de résister aux assauts dissonants émis sur At Least That’s What You Said, Spider (Kidsmoke) et Handshake Drugs qui sont les moments forts de ce magnifique long format. Ça se conclut avec un drone d’une durée de quinze minutes (Less Than You Think) et le groupe nous achève avec la puissante The Late Greats. Un disque mésestimé. (SD)

2 – Being There (1996)

Voilà l’album avec lequel vous devez amorcer votre périple dans l’univers de Wilco. Et le ton de ce Being There est donné dès le départ avec l’émouvante et déflagrante Misunderstood. Cet album de country rock, aux accents soul et psychédéliques, est vénéré par les inconditionnels de la formation. Le groupe a tellement couvert de territoires sonores au cours des années qui ont suivi la parution de Being There qu’il est facile d’ignorer ce deuxième opus. Or, les libertés prises sur ce disque ont ouvert la voie à ce que la formation a créé par la suite. (SD)

1 – Yankee Hotel Foxtrot (2001)

Tout a été raconté de long en large sur la genèse ce long format qui demeure la plus belle réussite en carrière du groupe. Wilco se transforme alors comme l’une des formations états-uniennes parmi les plus avant-gardistes en métamorphosant les codes du country rock. Jeff Tweedy s’impose comme l’un des meilleurs paroliers de sa génération et la musique profite de la dextérité du batteur Glenn Kotche et de l’inventivité de Jim O’Rourke dans le rôle de co-réalisateur. Si vous ajoutez le fait que Wilco a racheté sa propre création à la maison de disques qui l’avait refusé, vous avez là tous les ingrédients d’un grand disque. (SD)

« I wonder why we listen to poets when nobody gives a fuck »

-Jeff Tweedy

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