Critiques

Waxahatchee

Saint Cloud

  • Merge Records
  • 2020
  • 40 minutes
6

Katie Crutchfield, alias Waxahatchee, est dans le paysage musical états-unien depuis 2010, mais c’est avec Cerulean Salt (2013) qu’elle a séduit un public plus nombreux. Un album folk, confectionné de bric et de broc, qui constitue l’une des pierres d’assise de ce que l’on nomme aujourd’hui la bedroom pop (Soccer Mommy, Snail Mail, etc.)

En 2015, elle tournait le dos à l’esthétique lo-fi avec l’album Ivy Tripp, embrassant une réalisation nettement plus léchée; un résultat moins émouvant, il va sans dire. En 2017, elle revenait à la charge avec Out In the Storm. Crutchfield exorcisait alors une douloureuse peine d’amour. Musicalement, l’artiste durcissait le ton, renouant avec son passé punk en plongeant dans le rock alternatif des années 90, Throwing Muses et The Breeders, en tête de liste.

Même si Crutchfield réside aujourd’hui à Philadelphie, elle n’a jamais renié ses origines sudistes. Elle a vu le jour à Birmingham, en Alabama. La musique country, le southern rock et le bluegrass ont bercé son enfance.

Enregistré au cours de l’été 2019 avec Brad Cook (Bon Iver) derrière la console, Waxahatchee nous propose un 5e album en carrière intitulé Saint Cloud. Accompagnée par la formation alt-country Bonny Doon, Crutchfield emprunte un virage plus conventionnel en alternant entre indie-pop (Oxbow, Fire), rock sudiste (Can’t Do Much, Witches) et folk confidentiel (St. Cloud).

Voilà ce qu’elle déclarait dans le communiqué de presse fourni par la maison de disques Merge au sujet de sa nouvelle création : « I think all of my records are turbulent and emotional, but this one feel like it has a little dose of enlightenment. It feels a little more calm and less reckless ».

C’est donc l’album de la proverbiale maturité pour Waxahatchee. La majorité des chansons de Saint Cloud ont été conçues après une rupture amoureuse difficile, mais surtout après que l’artiste ait décidé de mettre un terme à sa consommation d’alcool… parfois excessive. Dans Hell, elle expose sans fard son irrépressible besoin d’être aimée/admirée qui, bien souvent, l’a mise dans de beaux draps :

« I hover above like a deity

But you don’t worship me, you don’t worship me

You strip the illusion, you did it well

I’ll put you through hell »

Hell

Si on respecte au plus haut point l’authenticité de la démarche, les choix musicaux entendus sur cette nouvelle production nous laissent perplexes. Pour que les chansons simples et franches de Waxahatchee bouleversent, l’enrobage sonore a un rôle crucial à jouer.

En mode « indie-pop-folk-country », on découvre les limites créatives de Crutchfield. Dans Ruby Falls, entre autres, elle plagie la mélodie de Look At Miss Ohio de Gillian Welch, pièce introductive de l’album Soul Journey paru en 2003. Il y a bien quelques chansons intéressantes (Can’t Do Much, Witches, War), mais on s’ennuie ferme à l’écoute de The Eye et Arkadelphia

Sans être un disque à mettre au rancart, ce Saint Cloud ne constitue pas le fait saillant de la discographie de Waxahatchee. En fond sonore, dans une soirée paisible entre amis (après le confinement… on se le souhaite !), ça fera le boulot.

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