Critiques

Villagers

The Art of Pretending to Swim

  • Domino Records
  • 2018
  • 41 minutes
6

L’Irlandais Conor O’Brien est un auteur-compositeur-interprète doué. Il est clairement le maître d’œuvre de la formation indie-folk-pop Villagers. Après un premier album qui a récolté de nombreux éloges (Becoming a Jackal, 2010), O’Brien revenait à la charge trois ans plus tard avec son meilleur disque : {Awayland}. En 2015, le musicien empruntait une tangente plus épurée, plus folk, avec Darling Arithmetic et, l’année suivante, le jeune créateur enchaînait avec une relecture éclectique de certaines chansons issues de son répertoire : Where Have You Been All My Life ? Un disque correct qui laissait présager la suite des choses…

Voilà que paraissait la semaine dernière le quatrième album studio de Villagers. Intitulé The Art of Pretending to Swim, ce nouveau chapitre de la carrière du « groupe » voit O’Brien prendre résolument les commandes du projet. Villagers devient donc un « one man band » en bonne et due forme. Réalisé, écrit et joué en grande partie par O’Brien lui-même (et dans son nouveau studio maison), ce nouvel album, de prime abord accrocheur, se dévoile lentement, mais sûrement au fil des écoutes. Le chansonnier est un arrangeur de talent, pas de doute là-dessus.

Mais là où le bât blesse, c’est que plus on écoute attentivement ce The Art of Pretending to Swim, plus on en arrive à la conclusion que toutes ces sonorités électroniques amenuisent l’interprétation habituellement sentie et à fleur de peau du musicien. C’est bien réalisé, habilement interprété, mais on décèle une certaine désuétude dans ce son qui a connu son heure de gloire au beau milieu des années 2000.

Dans la mesure où O’Brien est un créateur talentueux, ce nouvel album demeure pertinent, mais puisque la vague indie-folk-pop évoquée dans le paragraphe précédent s’est échouée depuis quelques années déjà, The Art of Pretending to Swim est quelque peu pépère et ennuyant. En demeurant dans un folk plus traditionaliste, ce nouveau disque aurait pu conserver une aura plus intemporelle. En y incorporant des éléments électros mille fois entendus, Villagers perd curieusement de sa fraîcheur.

Quelques chansons atteignent quand même la cible. La jazzistique Sweet Saviour, la pop parfaite intitulée Fool, l’introductive Again ainsi que l’excellente Long Time Waiting, qui met de l’avant des arrangements de cordes rappelant le dernier Radiohead, A Moon Shaped Pool.

The Art of Pretending to Swim obtient la note de passage grâce au talent supérieur de Conor O’Brien. Cependant, s’il veut durer, il devra s’éloigner de ce folk-pop-électro convenu et remettre en question, non pas son « songwriting », mais plutôt l’enrobage de ses chansons.

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