Critiques

Valery Vaughn

Gris

  • Indépendant
  • 2023
  • 38 minutes
7

Valery Vaughn est un duo formé de Victor Tremblay-Desrosiers et Vincent Huard. En 2018, le tandem avait discrètement lancé un album homonyme assez lourd détenant quelques ascendants stoner et punk. En 2017, la formation avait atteint les demi-finales du concours-vitrine Les Francouvertes. Fait à noter, Tremblay-Desrosiers est un instrumentiste-accompagnateur qui a œuvré aux côtés de Gab Bouchard et Mara Tremblay, entre autres.

Après cinq années d’absence, Valery Vaughn est de retour avec Gris, un long format qui présente des sonorités plus mélodiques et mélancoliques sans qu’elles soient drastiquement aux antipodes de ce que le groupe nous avait présenté sur son premier effort. Toujours fortement inspirés par les sonorités abrasives des années 90, Tremblay-Desrosiers et Huard nappent leurs nouvelles chansons dans de subtiles couches de noise pop et de shoegaze.

Gris est un album qui porte son titre à merveille. Les textes font référence aux êtres aimés, profondément malheureux dans leur relation amoureuse, et qui cherchent par tous les moyens à éviter les conversations difficiles. Ce nouvel album porte sur l’incommunicabilité et sur l’illusion d’un ailleurs meilleur.

Dans v pour velours, le narrateur exprime, probablement dans son esprit, le malaise qui sévit dans son rapport avec l’être aimé :

Aide-moi à fermer la fenêtre

Le vent me dérange

Dis-moi quand est-ce qu’on fête?

Qu’on soit pu ensemble

– v pour velours

Et le même modus operandi se poursuit sur la dance-punk domestiquée, si le chapeau te fait, mets-le. Sauf que cette fois-ci, l’auteur se plaint de l’absence et du manque d’écoute de son partenaire :

Tu te prends pour qui?

Tu te prends pour rien

Qui te prend quand t’en as besoin?

Je suis là, mais toi t’es où

Si le chapeau te fait

– si le chapeau te fait, mets-le

Musicalement, certaines pièces sont franchement solides. L’introductive toujours pareil évoque la formation vancouvéroise Japandroids, les mélodies fédératrices en moins, bien entendu. Dans 16$, Valery Vaughn conclut sa chanson de manière étonnante en mode « synth-punk ». Le triptyque formé de gris 1, gris II (sexxxmania) et gris III (tout bas) est particulièrement réussi, les trois pièces s’imbriquant les unes dans les autres avec fluidité.

Or, la qualité chansonnière décline quelque peu en fin de parcours. Des morceaux mid tempo comme interlude des étoiles et piler dessus peinent à attirer l’attention. Qu’à cela ne tienne la conclusive elle boucle la boucle de belle façon en revisitant l’énergie dynamisante de toujours pareil.

Le son d’ensemble produit par Valery Vaughn est très intéressant. Si le duo était en mesure d’améliorer la diversité de ses mélodies, le groupe pourrait convaincre de façon plus significative.

Amateurs de rock québécois, ne boudez pas votre plaisir. Somme toute, Gris vous fera passer un bon moment.

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