
The Weeknd
Hurry Up Tomorrow
- Universal Music Group / xo
- 2025
- 84 minutes
The Weeknd, on ne le présente plus. Quoique, son avenir proche est incertain. Avec la sortie de cet album, ultime projet d’une trilogie qui aura débuté avec le coup de tonnerre After Hours et poursuivie avec Dawn FM, The Weeknd clôt ce chapitre de sa vie. Ainsi, Hurry Up Tomorrow annonce la fin d’un personnage iconique qu’il aura fait naître grâce à ses mixtapes comme House of Balloons, en passant par les Kiss Land et les Starboy, mais aussi la naissance d’un nouvel artiste, Abel Tesfaye, celui qui a toujours fait partie de lui.
Les bases étaient donc données pour que Hurry Up Tomorrow soit un opus d’exception. Pourtant, rien n’était sûr de prime abord. Les fans les plus férus ont exprimé au cours des derniers mois leurs incertitudes quant à la qualité du projet, notamment en raison d’un cycle promotionnel parfois curieux, incluant un morceau en demi-teinte en collaboration avec Apple, (Dancing with the Flames, qui ne figure d’ailleurs pas sur cet album) ou encore un clip pour l’extrait Sao Paulo pour le moins étrange. Qu’à cela ne tienne, rien n’allait empêcher Tesfaye de se décourager. Et maintenant, Hurry Up Tomorrow, qu’en est-il?
Je parlais d’opus d’exception plus tôt, et cet album coche résolument cette case, puisque nous avons devant nous un produit à l’intersection entre la musique et le cinéma. Certains titres sont empruntés à des films qui auront marqué les esprits des cinéphiles : Opening Night (Cassavetes), Drive (Winding Refn), il y en a pour tous les goûts. L’album est ainsi sous l’égide du star système et de ses travers, pour un dernier coup de projecteur avant la fin du spectacle. Genre, les gars, l’album s’ouvre avec un échantillon du Thriller de Michael Jackson. On ne peut pas faire plus grand que ça. Au cours d’une vingtaine de chansons, nous serons ravis par la vision maximaliste de l’artiste canadien qui aura su tout donner pour terminer cette ère de sa vie en feu d’artifice.
Et qui dit « cinématographique » dit : grande cohérence. Et pour en avoir, il y en a. La première moitié de l’album, en particulier, regorge de transitions qui en feront frémir plus d’un. À l’heure d’écrire ces lignes, je suis toujours sur mon nuage après avoir entendu l’enchaînement du très Kiss Land-esque Baptized in Fear avec Open Hearts. Cette dernière, d’ailleurs, m’a totalement prise à contre-pied. Pourtant, la recette habituelle est là : une rythmique à la Dawn FM, des synthétiseurs, la présence de Max Martin… et pourtant. Sur Open Hearts, c’est l’apogée de tout ce que The Weeknd avait construit dans sa trilogie, et même dans sa carrière. C’est euphorique, énergisant, et véritablement puissant. Je suis la carrière de The Weeknd depuis longtemps, et je suis prête à inclure ce morceau parmi ses meilleurs. Et ce n’est pas tout : Cry For Me et Take Me Back to LA sont d’autres chansons qui frappent et qui marquent.
Là où l’album en perdra quelques-uns, ce sera par sa longueur. L’album dure 1h24. C’est LONG, et parfois, vers la deuxième moitié, cela se ressent par moments. À moins d’être ultra-concentré, certains morceaux comme Niagara Falls ou Give Me Mercy m’ont perdue en cours de route. Heureusement, Tesfaye a la recette pour rentabiliser la durée de certaines pistes. En effet, à l’époque où il s’est fait connaître pour son R&B alternatif, les longs morceaux, c’était son créneau. En plus de cette maîtrise d’un art et d’une vision qu’il a toujours maintenue, ses paroles n’en sont pas le moins évocatrices. Savoir jongler des thèmes toujours aussi familiers en sachant y injecter une dose de fatalité et de finalité, ce n’était pas évident, et quand ça marche, le résultat nous en voit ravis. Les plus fanatiques auront même remarqué que la fin du morceau Hurry Up Tomorrow, dernier titre, s’enchaîne parfaitement avec High For This, son tout premier morceau en carrière. Ça ne s’invente pas. Bref, l’album avait des ambitions hautes comme la lune, et, malgré les longueurs, il ne déçoit pas à cet égard. Qu’il soit The Weeknd, Abel Tesfaye ou le king of the fall, tant que la musique est bonne, nous serons là pour lui, sous toutes ses formes.