Critiques

The Murder Capital

Gigi’s Recovery

  • Human Season Records
  • 2023
  • 45 minutes
7,5

Dans cette perpétuelle vague post-punk qui sévit depuis plus dix ans, particulièrement chez les Britanniques, la formation irlandaise The Murder Capital trace son propre chemin dans l’ombre de leurs compatriotes, Fontaines D.C. Le quintette mené par le charismatique chanteur James McGovern s’appuie surtout sur une section rythmique béton, gracieuseté du batteur Diarmuid Brennan et du bassiste Gabriel Paschal Blake.

En 2019, The Murder Capital nous avait présenté When I Have Fears; disque qui avait obtenu un certain écho en Amérique du Nord. Sur ce premier long format, McGovern prenait la défense des plus misérables de son pays. Depuis une vingtaine d’années, L’Irlande a intégré sans aucun discernement les sacro-saints principes du néo-libéralisme économique, plongeant les plus vulnérables dans une misère inimaginable pour un pays dit « développé ».

Quatre ans plus tard, les Dublinois sont de retour avec un nouvel album : Gigi’s Recovery. Enregistré en France aux studios La Frette, The Murder Capital a confié la réalisation de ce deuxième opus à l’incontournable John Congleton, lui qui a réalisé une pléthore d’enregistrements indie rock depuis près de vingt ans.

Gigi’s Recovery se détache des atmosphères ténébreuses qui prévalaient sur When I Have Fears. Et ce n’est pas étranger à l’ajout de nombreux synthétiseurs et au travail de Congleton derrière la console qui escorte la formation en territoire « alternatif ». Le quintette conserve intacte son essence mélancolique, mais insuffle un soupçon de lumière et d’espoir dans ses chansons. La conclusion frémissante dans We Had To Disappear est un indicateur clair de cette nouvelle luminosité chansonnière.

Littérairement, McGovern plonge en lui-même pour trouver quelques réponses apaisantes à ces quatre dernières années qui furent pénibles pour plusieurs d’entre nous. Belonging est une chanson d’espoir dans laquelle l’auteur remercie à sa façon ceux qui l’ont accompagné dans cette période difficile :

You lived through my weakness

It shines on you

– Belonging

Dans A Thousand Lives, sur laquelle l’ascendant de Radiohead est franchement palpable, c’est la renaissance après l’adversité qui est exprimée par McGovern :

I’d like to remind you of this

Beside you I die to exist

– A Thousand Lives

Même si les influences sont nombreuses sur Gigi’s Recovery, The Murder Capital les amalgame de manière fluide forgeant ainsi sa propre identité sonore. Si Ethel emprunte aux Bad Seeds et à Iceage, l’écho d’Iggy Pop se fait entendre sur The Stars Will Love Their Stage. The Lie Becomes The Self combine la pop des années 80 à l’indie rock du début des années 2000. La pièce-titre, elle, est une mixture qui met de l’avant la pop synthétique de Tears For Fears ainsi que le rock des Strokes et des Pixies.

Et que dire du boulot mélodique accompli par James McGovern ? Plus variées et évocatrices, les mélodies du chanteur s’éloignent délicatement du maniérisme vocal que l’on pouvait déceler sur le premier effort, bonifiant ainsi les nouvelles pièces.

Sans être transcendant, Gigi’s Recovery est un pas significatif vers une identité musicale plus affirmée. Si The Murder Capital veut se différencier de ses nombreux semblables, il aura bien besoin de cette « identité » forte… surtout s’il veut durer.

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