Critiques

The Linda Lindas

Growing Up

  • Epitaph Records
  • 2022
  • 26 minutes
7,5

Dès ses débuts, le groupe The Linda Lindas a fait beaucoup de bruit : la première partie de Bikini Kill, des chansons enregistrées pour le film Moxie d’Amy Poehler, et une autre chanson cette fois pour le documentaire de Netflix sur Claudia Kishi, célèbre icône américaine asiatique cool et stylée des Baby-Sitters Club. Remarquées par la maison de disques Epitaph, les quatre filles maintenant âgées de 11 à 17 ans ont sorti leur tout premier album intitulé Growing Up. Un début admirable où sentiments vulnérables et sujets actuels côtoient énergie vive et musique pop teintée de punk rock. 

La popularité du groupe a vraiment explosé lors de sa performance bruyante de sa désormais célèbre chanson Racist, Sexist Boy dans une bibliothèque silencieuse. Comme le titre l’indique, les paroles dénoncent le sexisme et le racisme vécus par l’une des membres qui sont latinas et asio-américaines. Sortie un an plus tôt, l’excellente chanson frappe fort et séduit grâce à sa simplicité (You say mean stuff and / You close your mind to things you don’t like), la voix rocailleuse énervée (And you have racist, sexist joys / We rebuild what you destroy), les insultes méritées (Poser / Blockhead / Riffraff / Jerkface) et surtout le son puissant et lourd ne provenant pas d’un groupe typique de la scène punk rock.

Le style étonnement cru de Racist, Sexist Boy n’est malheureusement pas représentatif du reste de Growing Up. Malgré cette décevante surprise, l’album n’est pas pour autant trompeur. La bassiste et chanteuse occasionnelle Eloise Wong reprend sa rage de Racist, Sexist Boy dans Fine ainsi que dans Why, sur laquelle elle grogne ses frustrations : « So I just sit here on my own / Now on my own, I just / Cry myself away / Why can’t it just be that way? ». Des chansons satisfaisantes et indispensables à l’ensemble.

Growing Up présente également une musique légère et enjouée, parfois pop punk et parfois pop rock, qui rappelle The Go-Go’s, Best Coast ou Shonen Knife. Cette autre facette moins étonnante apporte tout de même de la variété et fait ressortir les différents talents de chacune des membres, dont la jolie voix douce de Lucia de la Garza. Des mélodies accrocheuses et des textes sincères se remarquent notamment sur Talking to Myself ou la chanson titre Growing Up : « We can take turns taking the reins / Lean on each other when we need some extra strength ». Ces deux pièces traitent respectivement de doute et de solidarité, des thèmes adaptés à l’adolescence à priori, mais pouvant atteindre tout le monde. 

Comme le producteur de musique Carlos de la Garza (Paramore, Best Coast, Tegan and Sara) est le père de la moitié du groupe, une critique facile et de mauvaise foi serait de réduire The Linda Lindas à un projet créé par des parents opportunistes travaillant dans l’industrie et voulant imposer leurs propres goûts musicaux tout en surfant sur la vague « woke » de la génération Y. Difficile de savoir si les intentions sont mauvaises, mais il est facile d’entendre qu’il s’agit bien d’un premier effort senti et pertinent. Malgré la durée assez courte et l’innovation qui manque parfois, le charme furieux, honnête et naïf, mais jamais enfantin, de Growing Up est suffisant pour piquer la curiosité et donner envie de se tenir au courant de l’évolution du groupe. Les quatre filles s’amusent et ce plaisir est contagieux!

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