Critiques

The Brian Jonestown Massacre

The Future Is Your Past

  • 'a' recordings
  • 2023
  • 39 minutes
7,5

C’est à la fin de 2020 et dans un contexte pandémique désespérant que le déterminé Anton Newcombe a pris la décision de se présenter tous les jours dans son studio berlinois avec l’objectif d’écrire et de composer une chanson par jour. Résultat des courses? Le vétéran a finalisé tout près de 70 chansons ! En juin dernier, The Brian Jonestown Massacre a donc dévoilé une partie de ce boulot accompli avec la parution de l’excellent Fire Doesn’t Grow on Trees; un long format extatique et lumineux qui faisait le plus grand bien après toutes ces années de ruminations et de brouillard mental…

La semaine dernière paraissait The Future Is Your Past. Ce 20e long format en carrière pour la mythique formation constitue la suite logique de Fire Doesn’t Grow on Trees. Les pièces réunies sur cet opus ont été créées et assemblées lors des mêmes sessions d’enregistrement que l’album susmentionné.

Dès les premières écoutes, on se retrouve donc en terrain connu à la différence que The Future Is Your Past se distancie quelque peu de l’envie de liberté jusqu’au-boutiste qui caractérisait le précédent effort. Sans souffrir de la comparaison avec son grand frère, cette nouvelle aventure présente par moments un visage plus apaisé.

Dans Fudge, Newcombe et ses ouailles nous proposent une introduction langoureuse, et résolument « flower-power », qui nous escorte vers une explosivité contrôlée en conclusion. Même si l’auteur nous exhorte à sortir de notre torpeur et à reconquérir notre liberté, l’enrobage sonore, lui, est plus « aimable ».

Wake up

You’ve been sleeping for the rest of your life

– Fudge

The Future Is Your Past présente également une physionomie moins conquérante que son prédécesseur. Or, malgré l’atmosphère plus mélancolique qui prévaut sur ce nouvel album, Newcombe fait encore la preuve de son immense maîtrise des codes du rock psychédélique. Et c’est sans compter sur son assurance vocale, lui qui n’a jamais aussi bien chanté.

Dans l’introductive Do Rainbows Have Ends, c’est le jangle rock influencé par la légendaire formation The Byrds qui se pointe le bout du nez. Sur Cross Eyed Gods, c’est l’indolence des chansons de Pink Floyd qui est révélée. All the Feels tire quelque peu vers l’Americana et la conclusive Stuck To Yous est une magnifique incursion dans le space-rock orchestral.

Ceux qui affectionnent The Brian Jonestown Massacre en mode plus explosif seront également bien servis par des morceaux comme The Mother of All Fuckers et, dans une moindre mesure, par Your Mind Is My Cafe. Mais c’est le rock carré, et sans fioritures, entendu dans The Light Is About to Change qui étonne. En fait, voilà l’une des rares chansons du répertoire de la formation qui ne comporte pratiquement aucun élément sonore dit « psychédélique ». Direct et droit au but.

Sans être aussi jouissif que Fire Doesn’t Grow on Trees, et ne comportant aucun titre mémorable comme la sublime The Real — chanson qui ouvre l’album mentionné ci-dessus — The Future Is Your Past confirme hors de tout doute qu’Anton Newcombe et ses accompagnateurs sont hautement inspirés.

Assistons-nous à un second âge d’or créatif pour The Brian Jonestown Massacre ? Possible. Mais au-delà de ces considérations artistiques, ce qui réjouit l’auteur de ces lignes, c’est de voir un homme qui fut aux prises avec de nombreux démons, et ce, pendant plusieurs années, et qui les a transformés en quelque chose de beau.

Newcombe fait maintenant pousser des fleurs dans le bitume.

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