Critiques

TesseracT

Sonder

  • Kscope Records
  • 2018
  • 36 minutes
6

TesseracT est de retour avec Sonder, trois ans après Polaris, que j’avais bien aimé à sa sortie, mais que je n’ai plus revisité, trois heures après avoir rendu ma critique.

Et pour son quatrième album, on peut dire que le groupe de métal progressif a placé la barre extrêmement haute annonçant un produit percutant, audacieux et novateur.

Ça tombe mal, dès la première écoute, je n’arrivais pas à me sortir de la tête l’autopromo du groupe, ne pouvant me plonger à 100% dans l’écoute de l’album tant mon cerveau cherchait à valider ou à infirmer les lignes de communications auxquelles j’étais exposé depuis quelques semaines.

Donc. Percutant? La production est béton oui, mais sinon TesseracT n’arrive pas, malgré le talent de ses membres à sonner autrement que comme les Opeth des pauvres ou pire, du Muse technique.

Audacieux maintenant ? J’aurais dit prétentieux. TesseracT ne réinvente rien avec Sonder, pas même son propre son. Donc, vous l’aurez compris, ce nouvel album n’a rien de novateur non plus, du moins pour quiconque aurait déjà écouté du Porcupine Tree, du Nine Inch Nails, du Between The Burried And Me ou même du Incubus, dont Daniel Tompkins émule la voix du chanteur Brandon Boyd encore ici. Le riff de King semble même être repiqué de celui Fast Worms d’Intronaut.

Bon comme ça, j’ai l’air d’avoir détesté ce Sonder. Mais ce n’est pas tant le cas. Il s’agit d’un album d’une très grande qualité de production, exécuté par un groupe aguerri, et les chansons qui le composent sont globalement plus intéressantes que celles qui constituaient Polaris, le précédent effort.

Le hic, c’est que TesseracT a trop souvent dans sa carrière adopté l’attitude du jeune premier à qui on doit tout. Un bon exemple est qu’on associe encore le groupe au « djent », une technique de jeu de guitare popularisée par Meshuggah. On a voulu voir dans le « djent » un nouveau style de métal, alors qu’il s’agit plutôt d’un outil dans le coffre des guitaristes métal. D’ailleurs associé TesseracT à Meshuggah est aussi en soit une hérésie. Bref, tout ce détour pour dire que l’on associe TesseracT encore à tort à ce « style », ce mouvement sans mouvement. Ça vous fait un méchant CV en coquille d’oeuf ça.

Mais il se dégage une telle prétention de ce groupe. Dans sa musique et ses paroles… et tout ça se transposent jusqu’aux communications sur les réseaux sociaux. On s’entend pour dire que TesseracT est un groupe de milieu de peloton dans le métal progressif, mais pourquoi alors nous annoncer la lune ? Pour prêcher à des convertis et s’aliéner les mélomanes plus dégourdis ?

Et comme si ce n’était pas assez, Tompkins a mentionné en entrevue que ce Sonder était un album concept sur lequel le groupe cherchait à « explorer les profondeurs de l’insignifiance »… Je veux dire, j’aurais pu me casser la tête une semaine pour trouver une formule aussi percutante (justement) pour déboîter l’album que je n’aurais pas trouvé une phrase aussi punchée. Encore une fois, ça prouve que les gars n’ont pas de déficit de vanité.

Et je veux bien laisser la chance au coureur, mais les membres de TesseracT ont encore une fois amené leurs pantoufles en salle de répétition pour composer Sonder. Les gars les ont juste moins mises souvent que lors des sessions Polaris, ce qui donne d’intéressants électrons comme The Arrow, qui clôt l’album, seule pièce ici où Tompkins crie. Et c’est dommage, ça donne un brin d’authenticité au groupe… trop peu trop tard comme on dit.

*Note aux gars pour la prochaine fois : idéalement, il faudrait arrêter de sortir des albums dans le même mois que Between The Burried And Me, une distance critique par rapport à ces colosses du genre vous rendrait service.