Critiques

TDA Ascète

TDA

Ascète

  • Michel Records
  • 2021
  • 30 minutes
7

Samuel Gougoux a été actif pendant les dernières années en tant que batteur dans diverses formations, notamment dans VICTIME et dans le groupe qui accompagnait Jonathan Personne, mais le musicien a des intérêts et compétences qui dépassent largement les percussions et l’indie-rock. Son approche personnelle, qui a assez peu de semblables dans la scène québécoise, est lâchée complètement lousse dans son projet TDA.

Après un mini-album à la fois déroutant et énergique en 2019, TDA présente en avril 2021 un premier album proprement dit – un « long-jeu » qui n’est en fait vraiment pas très long – intitulé Ascète. Le titre évoque solitude, austérité, privation, voire un petit côté monastique qui penche vers le mysticisme, ce qui semble correspondre parfaitement à ce qu’on découvre en goûtant l’intrigante soupe de bruit que nous sert Gougoux.

Les compositions sur Ascète ne sont pas carrément arythmiques, mais leurs structures sont irrégulières et aucun bruit de percussion ne provient d’une batterie rock conventionnelle. Il semble clair que TDA veut démontrer qu’il sait faire plus que s’en tenir à la section rythmique, et qu’il peut explorer en s’émancipant de toute attente commerciale ou esthétique. Le musicien agence des échantillonnages de bruits trouvés, des sons de synthés triturés, des effets de reverb caverneux et quelques notes de guitare pour créer ses pièces d’art-rock industriel.

On peut discerner quelques antécédents et influences provenant du post-punk, du no-wave et de l’industriel (j’ai pensé aux aspects les plus bruitistes de The Pop Group et This Heat, et plus près de nous à Liars, entre autres), mais TDA a tout même son approche bien à lui. La réalisation est toute simple sans être lo-fi, et Gougoux laisse beaucoup de place au calme et au silence entre ses déflagrations glaciales. 

Il y a cependant assez peu de variation sur l’album. Tout semble assez uniforme pour avoir été composé sous le coup d’une même inspiration, en s’imposant des paramètres stricts et en utilisant des moyens limités (limités sans doute par la solitude du musicien, accompagné seulement dans quelques pièces par des invitées au chant ou par le très doué saxophoniste ontarien Linsey Wellman). L’uniformité de l’œuvre est accentuée par la voix de Gougoux, qui parle ses textes d’une voix si morne qu’ils deviennent plus une distraction qu’un attrait (l’exception : la voix dans la pièce Présence, le haut point de l’album). L’album a le net avantage de ne pas s’étendre inutilement et se termine avant qu’on en ait eu assez. 

Ça fait énormément de bien à mes oreilles d’entendre un musicien québécois faire fi de la sécurité et se lancer dans une forme artistique singulière et plus risquée que ce qu’offrent la presque totalité de ses pairs. TDA mord à belles dents dans sa musique industrielle ténébreuse et chaotique, et l’audace compense amplement ce qui pourrait être considéré comme des faiblesses.

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