Critiques

Strand Of Oaks

Heal

  • Dead Oceans Records
  • 2014
  • 43 minutes
7

strand-of-oaks-healTimothy Shoewalter, songwriter résident de Philadelphie, est le maître d’œuvre incontesté de la formation Strand Of Oaks. Créant des albums de folk squelettique à fleur de peau, notre homme entreprend un virage pop-rock accentué avec l’avènement de Heal, qui fait suite à Pope Killdragon paru en 2010. Le musicien ne l’a pas eu facile au cours des dernières années: problème d’alcool, décès de l’ami picoleur Jason Molina (chanteur de la formation Songs: Ohia). Bref, pas jojo du côté de Shoewalter

Voilà la trame de fond de ce Heal, sur laquelle Shoewalter expulse sans censure les moments pénibles vécus; une véritable catharsis pour l’artiste. De plus, le créateur chansonnier délaisse le folk pour emprunter une direction musicale clairement plus rock et plus accessible; un authentique album «classic rock» made in USA. On assiste à l’entrée en matière d’une batterie tonitruante, de guitares décapantes ainsi que de refrains prenants et fédérateurs, mais l’homme explore également en début de parcours quelques effluves électro-pop/new-wave qui laissent perplexe.

Après l’excellente Goshen’97, mettant en vedette quelques solos tonitruants gracieuseté de M. Dinosaur Jr lui-même, le bien nommé J. Mascis, Shoewalter bifurque vers un pop-rock marchand avec la pièce-titre Heal et la très eighties Same Emotions. À ce moment précis, votre vieux scribe s’est mis à douter de la pertinence de ce disque. Sauf qu’à partir de la springsteenienne Shut In, et ce jusqu’à la fin de cette sitedemo.cauction, Shoewalter y va de chansons émouvantes/désarmantes qui a forcé l’auteur de ces lignes à approfondir l’écoute de cette conception sonore.

Et puis? C’est un très bon disque de pop-rock. Le principal attribut de ce Heal est sans contredit l’expression sans détour d’une souffrance (car dans notre monde bien lisse, il y a encore beaucoup de gens qui souffrent… c’est même la norme!) liée à la perte d’un être cher. Ce disque a vraisemblablement sauvé la vie de Shoewalter ce qui constitue sans l’ombre d’un doute une excellente raison pour faire de la musique! Par conséquent, on ne peut que s’incliner devant autant de sincérité, même si le petit penchant pop de l’affaire vient parfois contrarier.

On ne peut que s’incliner devant la multitude de morceaux prenants; à commencer par la balade fédératrice Woke Up To The Light de même que l’hommage mélancolique/abrasif à Jason Molina, naturellement titré JM. D’autres ritournelles tirent admirablement bien leur épingle du jeu tels que l’aérienne (en arrière-plan sonore) et pianistique nommée Plymouth, la frémissante/explosive Mirage Year ainsi que l’efficient riff et refrain matraque dans For Me. En mode mélancolique, Shoewalter atteint la cible à tout coup.

N’eût été ces quelques écarts en début de course, Strand Of Oaks aurait obtenu une valorisation plus prononcée. Ceci dit, les fervents de pop-rock ténébreux sauront apprécier à sa juste valeur le travail de compositeur de Timothy Shoewalter. Voilà un homme qui a choisi la créativité afin d’exprimer son désarroi et son chagrin face aux inévitables coups durs assénés par la vie et très peu d’artistes arpentent cette démarche avec autant de sincérité. Bouleversant.

Ma note: 7/10

Strand Of Oaks
Heal
Dead Oceans
43 minutes

strandofoaks.net

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