Critiques

Sault

Untitled (Black Is)

  • Forever Living Originals
  • 2020
  • 56 minutes
8
Le meilleur de lca

Ça fait quelques mois que j’ai envie de me lancer dans le sujet parce que les deux albums de Sault font partie des sorties les plus pertinentes de 2020. Le collectif qui reste discret sur son identité est probablement composé de Dean Josiah Cover (Inflo), Cloepatra Nikolic (Cleo Sol) et Melisa Young (Kid Sister). Le trio nous offre un album qui plonge à fond dans les thématiques et problématiques des personnes de couleurs noirs aux États-Unis (et certainement en Angleterre aussi). De manière plus générale, on pourrait reporter les paroles sur n’importe quelle situation de préjudices raciaux.

Ce Black Is est un album habité par la colère, la peine, le ressentiment et toutes les émotions qui peuvent être vécues lorsqu’on observe la situation sociale et économique des Afro-Américains. C’est donc avec cette hargne que la formation arrive pour nous distiller une R&B métissée qui va chercher des influences dans la musique africaine et soul. La création alterne entre des pièces aux personnalités fortes et des réflexions qui sont plus de l’ordre de la poésie.

Out of Lies, pièce d’ouverture de l’album, le démontre déjà alors qu’une femme nous livre un poème qui fait l’apologie de la noirceur de la peau; une pièce à la fois empreinte de nuances qui met de l’avant une sorte de prise de pouvoir. D’autres moments du genre reviennent avec X, Black Is, This Generation et Us. Il y a une parole qui est très uniforme. C’est très militant comme prise de position, un peu plus Malcom X que Martin Luther King.

Ces moments sont intéressants et dressent un filon à suivre à travers Black Is. Puis, la musique qui emprunte à de nombreux genres musicaux frappe fort. Wildfires est du R&B qui flirte avec le soul de manière magnifique. C’est à la fois groovy et ça donne envie de faire quelques pas de danse. Michael Kiwanuka, le récipiendaire du prix Mercury, vient faire son tour sur Bow qui emprunte à une sorte de disco originaire du Nigeria et du Kenya, musique souvent catégorisée sous le vocable afrobeat.

Du côté plus suave et groovy de l’album, on retrouve Why We Cry Why We Die. C’est une pièce qui s’inscrit comme une complainte avec une mélodie lancinante, mais soutenue par une ligne de basse qui donne tout de même envie de se dégourdir les jambes. Miracles prend aussi une tournure différente, mais on est ici dans le gospel.

Même si musicalement, ce premier album est un peu plus disparate, il prend ses racines dans un fil conducteur fort qui fait le lien entre les différents genres musicaux qui se manifestent dans les compositions. Un incontournable de 2020. Tout comme l’excellent Rise.

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