Critiques

Roly Porter

Third Law

  • Tri Angle Records
  • 2016
  • 52 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Roly PorterLe musicien électronique expérimental Roly Porter n’était peut-être pas encore sur votre écran radar jusqu’à présent, mais ça risque de changer avec la parution de l’album Third Law. Porter était la moitié du duo Vex’d, qui s’inscrivait dans la vague dubstep des années 2000, mais qui gardait un penchant pour les envolées abstraites et abrasives qui le distinguaient de congénères comme Burial et Kode9. Vex’d parle de se réunir plus tard en 2016, mais depuis 2011, les deux membres se sont concentrés sur leurs projets solos. Depuis son album Aftertime en 2011, puis avec Life Cycle Of A Massive Star en 2013, Porter démontre qu’il était l’antagoniste du duo, celui qui poussait Vex’d hors du plancher de danse et vers les concepts de nature cosmique. (L’autre moitié du duo, Jamie Teasdale, agit sous le nom Kuedo et s’en tire admirablement avec une version du dubstep plus proche de la norme.)

L’intérêt de Porter pour le cosmos était déjà clair avec son album de 2013, et avec Third Law, l’intérêt devient obsession. La première impression, c’est que le film 2001: A Space Odyssey est une influence majeure, principalement à cause de l’œil en gros plan extrême comme pochette, et à cause des voix qui semblent provenir directement du Requiem de György Ligeti dès les premières secondes de la pièce d’ouverture, la renversante 4101. Les références au film de Kubrick sont une bonne porte d’entrée, mais Porter nous amène bien au-delà d’un hommage à un film-culte. Avant la fin de 4101, on aura fait l’expérience de sonorités qui donnent l’impression de provenir du centre d’une étoile ou de la surface d’une planète gazeuse frappée de plein fouet par une comète. L’idée du choc des corps célestes n’est certainement pas accidentelle, le titre de l’album faisant vraisemblablement référence à la troisième loi du mouvement de Newton.

Au cours des huit compositions de Third Law, Porter maintient une ambiance inquiétante et grandiose, en passant par toutes sortes de moyens et de sonorités sans se répéter. Des rythmes effrénés surgissent ici et là, au détour de vastes mares ambiantes. Il y a bien un peu de mélodies par moments, mais très peu et toujours dans une forme minimaliste. Seule exception: les dernières minutes de l’album, où éclot une courte mélodie enfantine et hésitante, qui rappelle un peu la mélodie que se renvoient humains et extraterrestres dans Close Encounters Of The Third Kind. C’est un peu comme découvrir une trace d’intelligence après avoir traversé un univers immense et périlleux où l’on se sent infiniment petit.

L’album dans son ensemble est merveilleusement dosé et séquencé, mais certains passages sont si difformes et abstraits qu’on se laisse facilement distraire. Des bouts qui m’avaient marqué à la première écoute ne m’ont pas été clairs à nouveau pendant les huit ou dix suivantes. C’est un peu inévitable avec une musique de cette envergure, et ça ne fait que souligner la puissance et la majesté de l’œuvre: on ne peut pas l’observer en entier d’un seul coup d’œil. Enfilez votre combinaison spatiale et embarquez.

Ma note: 8,5/10

Roly Porter
Third Law
Tri Angle Records
52 minutes

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