Critiques

Renard Blanc

J’ai vu le soleil mourir et la lune pleurer

  • Folivora
  • 2023
  • 34 minutes
7,5

En 2015, lors de la sortie du premier album de la formation Renard Blanc, intitulé Empire Onirique, le collègue LP Labrèche émettait un léger bémol quant à l’approche mélodique du chanteur-guitariste Vincent Lepage. L’influence manifeste de Thom Yorke (Radiohead) était alors remise quelque peu en question par notre sympathique rédacteur en chef.

Mais avec Nuit, disque paru trois ans plus tard, les Maskoutains rectifiaient le tir en nappant leur indie-rock atmosphérique dans une sorte de post-rock évoquant par moments Godspeed You! Black Emperor, reléguant ainsi au second plan l’ascendant mentionné au paragraphe précédent.

Le trio formé de Lepage, Alexandre Crépeau (batterie) et Antoine St-Onge (basse, synthétiseurs) présente son troisième long format en carrière : J’ai vu le soleil mourir et la lune pleurer. Ce nouvel opus pose le projecteur sur nos souffrances et nos imperfections dont les impacts émotionnels pour notre santé physique et mentale ne peuvent qu’être maîtrisés que par une adhésion pleine et entière à notre nature humaine.

Dans le communiqué de presse transmis par la maison de disques Folivora Records, Vincent Lepage met en lumière la difficile gestation de cette nouvelle création : « […] ce qui devait être réalisé en quelques semaines a pris une tout autre tournure et s’est étalé sur quelques mois. On s’en excuse, mais on devait prendre le temps de retrouver nos repères avant d’aller plus loin ».

Si la voix haute perchée et noyée dans la réverbération fait toujours partie de l’identité sonore de Renard Blanc, le groupe greffe maintenant des ascendants stoner à son indie-rock coutumier. Les chansons de J’ai vu le soleil mourir et la lune pleurer sont parfaitement en équilibre entre ces deux postures stylistiques, conférant à la formation un son qui est de plus en plus incarné.

L’album s’amorce avec Monolithe; une épopée aussi aérienne que sauvage d’une durée près de huit minutes. L’alliage stoner-indie-rock entendu dans cette chanson est une excellente indication de ce qui suivra par la suite. Dans Couler, Renard Blanc conclut la pièce avec un riff que n’aurait pas renié Queens of the Stone Age. Amanite évoque la formation états-unienne All Them Witches, mais en mode vaporeux. Prémonitions, elle, explose à la mi-parcours avec un autre riff de qualité. Incendie, premier extrait de ce long format, est la pièce qui s’éloigne significativement de l’ambiance priorisée par la formation. Les subtils larsens entendus à la mi-parcours de Lourd, eux, sont habilement mixés à l’arrière-plan du paysage sonore. Enfin, la conclusive Catharsis, pièce aux allures orchestrales « à la Fleet Foxes », se conclut avec une soudaine montée d’intensité qui cesse abruptement. Une seule ombre au tableau : la section rythmique aurait eu avantage à être un peu moins linéaire; un minuscule faux pas qui sera aisément modifiable lors d’une prochaine aventure.

Sinon, avec J’ai vu le soleil mourir et la lune pleurer, Renard Blanc s’inscrit dans cette mouvance rock, bien de chez nous, qui ose et convainc de plus en plus. Cette création, aussi raffinée que décapante, devrait prendre tout son sens en concert.

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