Critiques

Red Mass

A Hopeless Noise

  • LABEL ÉTIQUETTE / Mothland
  • 2020
  • 41 minutes
7

Roy Vucino et Hannah Lewis sont l’épine dorsale du projet Red Mass. Après avoir éparpillé une multitude d’extraits au cours des 10 dernières années, le duo lançait l’an dernier un premier album en bonne et due forme : le fort potable Kilrush Drive. Une production gouvernée par une colère justifiée et par la morosité sociale ambiante…

Sur cette première offrande, Red Mass nous proposait une mixture sonore évoquant autant le trio électro-punk We Are Wolves que le garage-rock des Kills, incluant un soupçon assumé de post-punk. Vucino et Lewis se définissent comme une entité libre qui crée une musique et un art résolument punk, tout en explorant des méthodes de travail originales inspirées de la création automatique. 

En janvier dernier, le tandem récidivait avec une nouvelle création intitulée A Hopeless Noise. Vucino et Lewis ont fait appel à une multitude d’invités qui ont participé activement à l’élaboration des chansons. Et ces individus ne sont vraiment pas des pieds de céleri : King Khan, Mike Watt (The Minutemen), Rick Froberg (Hot Snakes, Obits), Mac DeMarco, John Kastner (Doughboys), Evan Dando (The Lemonheads), Hugo Mudie (The Sainte-Catherines), pour ne nommer que ceux-là.

Avec autant de collaborations, il ne fallait pas s’attendre à prêter l’oreille à une création homogène.  Sans l’apport de tous ces conviés, les pièces auraient probablement souffert d’un déficit de détermination, mais puisque les collaborateurs se sont impliqués à fond dans le processus de création, A Hopeless Noise s’écoute comme si on observait un patchwork composé de formes et de couleurs disparates. Un disque parfaitement « rock’n roll », sans être un chef-d’œuvre du genre.

Certaines chansons nous laissent sur notre appétit pendant que d’autres nous réjouissent au plus haut point. Parmi les meilleures, on note l’entrée en matière To Fall From Grace, mettant en vedette King Khan. Le duo Mike Watt/Roy Vucino dans First Time’s a Bitch nous fait sourire… et coup de chapeau au jeu de basse distinctif de Jean-Sébastien Truchy. Évidemment, Rick Froberg appose sa signature dans Killer on the Loose. Dans My Drugs, John Kastner et Evan Dando escortent l’auditeur vers un univers faisant sérieusement penser à Mudhoney et Diamond Girl flirte avec le psychédélisme d’Anton Newcombe (The Brian Jonestown Massacre). Une petite ombre au tableau : la conclusive Sharp qui est une pièce fourre-tout dont la première partie aux allures disco-punk exaspère quelque peu.

Cela dit, il n’y a pas à bouder son plaisir. La diversification stylistique des chansons, combinée à l’excellent boulot accompli par Vucino, Lewis et tous leurs invités, fait de cet album un objet sonore aussi distrayant que pertinent.

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