Critiques

Population II

À la Ô Terre

  • Castle Face Records
  • 2020
  • 43 minutes
8
Le meilleur de lca

Malgré une année musicale forcément inégale, il y a quand même de bonnes nouvelles qui valent la peine d’être soulignées. Entre autres, la signature du trio montréalais Population II chez Castle Face Records; maison de disques appartenant à John Dwyer, meneur de la formation Osees. En ce qui nous concerne, voilà une annonce aussi importante que celle qui officialisait l’arrivée de Corridor chez Sub Pop.

Enregistré sous la férule de l’incontournable Emmanuel Éthier (Chocolat, Corridor, Jonathan Personne), À la Ô Terre, le premier album officiel de la formation, propose une mixture de rock psychédélique, de space-rock et de krautrock; le résultat de longues séances d’improvisations spontanées et condensées dans des chansons qui s’imbriquent les unes aux autres.

Tout comme Corridor, la formation brise les frontières de la langue avec des textes débités en français. Ceux-ci ne servent que d’accessoires à la musique puisque la voix est noyée dans une réverbération céleste et mixée à l’arrière-plan. Ce qui singularise la proposition du groupe, c’est cette mixture d’influences manifestes, mais qui donne un résultat unique.

Parfois, on pense au space-rock de Hawkwind. À d’autres occasions, on entend des rythmes obsédants que n’auraient pas renié Pink Floyd, période pré-Dark Side of the Moon. Occasionnellement, Population II plonge dans le free-jazz (Attraction) et dans le rock progressif (La Danse). La pièce introductive, intitulée Introspection, nous confirme le lien de filiation qui existe entre les Montréalais et la musique de John Dwyer. Honnêtement, ce pot-au-feu sonore est un pur délice !

Dans un genre musical qui peut parfois être bâclé, qui peut verser dans un certain amateurisme ou, au contraire, dans une esthétique faussement intellectuelle, Population II nous offre un quasi-sans-faute qui n’a rien à envier à ses influences.

Le périple sonore auquel nous sommes conviés est aussi paisible que terrifiant. Ce n’est rêve et La Danse alternent entre ces deux pôles avec une fluidité étonnante; une preuve que le trio est en parfaite maîtrise. Si on ajoute l’utilisation ingénieuse du saxophone dans l’équation, particulièrement dans Attraction et Introspection, on se retrouve avec un album singulier, « bien de chez nous », comme il s’en fait malheureusement trop peu.

Parmi les faits saillants à écouter attentivement, le trio formé par Les Vents, L’Offrande et La Nuit vous transportera en plein désert, au beau milieu des ténèbres, là où de possibles apparitions spectrales pourraient survenir. Il eut un silence dans le ciel et À la porte de demain versent toutes deux dans une sorte de krautpunk évoquant le plus récent Osees, l’excellent Protean Threat. À la Ô Terre se conclut avec Je laisse le soleil briller; pièce caractérisée par un larsen de longue durée en fin de parcours.

Voilà l’un des meilleurs albums de rock québécois parus cette année; une création qui se classe aisément aux côtés du remarquable Fruit-Dieu de la formation Fuudge. À vous procurer impérativement en format vinyle, s’il est disponible, afin d’apprécier encore plus le voyage.

Un groupe prometteur et franchement impressionnant.

*Le groupe lancera son album le 7 novembre. Pour tous les détails, c’est par ici.

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