Critiques

Ping Pong Go

Ping Pong Go

  • Popop
  • 2022
  • 42 minutes
6,5

Tout récemment apparue dans le paysage des labels québécois, la déjà très cool boîte Popop fait sa place en nous présentant une bibitte sortie tout droit d’un Commodore 64, Ping Pong Go.

Issu de l’association entre le pianiste Vincent Gagnon et du batteur P-E Beaudoin, le duo Ping Pong Go nous arrive avec un album entièrement instrumental et rempli de bons coups. Les deux musiciens ayant une feuille de route très respectable (Hubert Lenoir, Lou-Adriane Cassidy, Keith Kouna, Tire le Coyote, Ariane Roy, Gabrielle Shonk, etc.) pas étonnant que le talent et l’expérience y soient omniprésents.

Le duo identifiant leur son en tant que Gamer jazz, on ne peut que constater la précision du terme. Chaque morceau nous amène d’un tableau à l’autre d’un jeu parfois psychédélique, parfois hyperactif. Même si on se demande parfois si certains tableaux ont une finalité précise, il n’en reste pas moins que ce premier effort en 12 niveaux est tout sauf ennuyant.

Avec cet album éponyme, Ping Pong Go nous offre un jazz électronique (très) peu conventionnel, bourré de sonorités rétros des plus étranges et accrocheuses ainsi qu’une variété sans fin de textures et de styles. Somme toute très agréable à écouter, certains trouveront cependant que l’album part un peu dans toutes les directions, et est parfois difficile à suivre. Ping Pong Go n’est définitivement pas un album linéaire à écouter durant son yoga du midi et c’est ce qui, selon moi, fait son charme.

Avec ses 42 minutes bien remplies, l’album nous fait traverser toute une gamme d’émotions ambiophoniques : de planant à psychédélique (Ave Mario, Billie & Louis), de beat dansant (Alain Boies, Corvette, Ping Pong Go) à pure jam de jazz fusion (micro-onde, Ping Pong Go). On serait tenté ici d’utiliser le terme expérimental, mais vu la grande maîtrise des musiciens et la pertinence de chaque élément, je dirais qu’on est bien au-dessus de l’étape d’expérimentation. On peut aisément confirmer que les « centaines d’heures de quarantaine forcée avec des nouilles sichuanaises, deux raquettes de ping-pong, une batterie et 25 synthétiseurs » auront été prolifiques, puisque la précision dans les jeux de claviers et de batterie est impressionnante, et les arrangements nous ramènent sans détours à une époque où le fluo et les pixels étaient maîtres du jeu.

L’album Ping Pong Go n’est définitivement pas fait pour tout le monde, et est très assumé dans son créneau. Tante Lisette dira probablement que « C’est spécial ». Par contre, la qualité de l’album saura certainement aller chercher un auditoire fidèle chez les fans d’oscillateurs, et n’annonce que du bien pour l’avenir du talentueux duo.

Pour la pièce Alain Boies, le duo nous offre un vidéo à la hauteur de sa musique dans une ambiance quartier-chinois-esque d’état de transe, de danse chamanique et de néons. La chorégraphie hypnotique dans un décor qui colle parfaitement avec le son des deux Montréalais confirme que Ping Pong Go n’a définitivement besoin de personne pour imposer son univers unique.

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