Philémon Cimon
Que s’est-il passé de mon enfance?
- Les Disques du Règne
- 2025
- 43 minutes
Philémon Cimon a la tendance à la continuité entre ses albums. Ses premiers albums étaient tournés vers les relations amoureuses et sexuelles, pas toujours saines, qu’il creusait à travers différents angles. Cela a donné notamment l’excellent L’été en 2014. Depuis la fin des années 2000, Philémon Cimon crée avec régularité.
Depuis deux albums, il est sur un autre trip. En 2023, il lançait 8 chansons pour enfants et 2 rêves, un album qui offrait un virage par rapport à L’amour qui creusait les relations toxiques entre les hommes et les femmes. Puis, il a présenté Mon adolescence 1 et 2 qui misait sur des textes écrits dans sa jeunesse. Cette fois-ci, avec Que s’est-il passé de mon enfance?, Philémon Cimon s’adresse à l’enfant qui habite dans l’adulte. Il mixe donc des mélodies qui éveillent la nostalgie de l’enfance, mais portent des textes à la fois simples, mais pas nécessaire fait pour les jeunes. Pour enregistrer celui-ci, il a fait appel aux deux membres de Bibi Club : Nicolas Basque et Adèle Trottier-Rivard qu’on entend sur l’ensemble de l’album.
Règle générale, c’est plutôt réussi sur Que s’est-il passé de mon enfance?. On retrouve la simplicité qui a toujours bien servi Philémon Cimon qui mise essentiellement sur sa voix et sur sa guitare. La voix d’Adèle Trottier-Rivard qui vient compléter la sienne, est aussi un bon ajout qui vient donner une nouvelle couleur agréable aux chansons. C’est particulièrement vrai sur Consoler un ami ou encore sur la mélancolique La première année. Une pièce qui traite du sentiment de laisser l’été derrière à la rentrée scolaire. Bien que Philémon Cimon dit qu’il a écrit les pièces pour les adultes, il y a de nombreux moments où il semble quand même que ce sont des pièces adressées à des enfants qui vivent de grands changements à leur échelle.
L’auteur-compositeur-interprète pige aussi dans les sonorités de la chanson traditionnelle. C’est le cas pour Le p’tit pêcheur d’éperlans qui portent un texte tragique où les mésaventures d’un pêcheur qui finalement se fait sauver par son chien. De son côté, Le monstre est peut-être la chanson qui ressemble le plus à ce que Philémon Cimon a fait par le passé, même si le texte est volontaire enfantin. La pièce est surtout un exemple d’excellents arrangements qui à eux seuls, valent le détour.
Si vous avez un peu l’impression dans les derniers paragraphes que ça part un peu dans toutes les directions, c’est que c’est ce qui se passe sur Qu’en est-il de mon enfance?. Malgré sa volonté d’écrire à l’enfant dans l’adulte, on retrouve surtout des pièces qui sont à hauteurs d’enfants. Il y a de la profondeur, mais c’est inégal du début à la fin de l’album. Parfois, la simplicité de la démarche sert les pièces, mais donne parfois que c’est résolument plus dirigé à un enfant qu’un adulte.
Ça demeure Philémon Cimon qui interprète le tout avec justesse et sa voix unique, toujours fragile, comme en équilibre sur un fil entre le désespoir et la lumière. En soi, c’est déjà une très belle qualité à avoir. Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque le complètent bien et ça donne, dans ses meilleurs moments, des chansons touchantes.