Critiques

Philémon Cimon

L’été

  • Audiogram
  • 2014
  • 45 minutes
8
Le meilleur de lca

cover_letePhilémon est un grand romantique. On le savait déjà à l’écoute de Les Session Cubaines, qui avait réchauffé plusieurs cœurs, avec ses chansons teintées de mélancolie aux arrangements gorgés de soleil. L’été, son deuxième album, est un grand album d’amour. Plus étoffé et actuel dans ses arrangements et plus universel dans l’esprit que son prédécesseur, il est un de ces albums dont on s’entiche et qu’on veut garder près de soi, longtemps.

L’album a été enregistré en moins d’une semaine de travail au studio Hotel2Tango avec Howard Bilerman à la console et Philippe Brault à la coréalisation avec une liste impressionnante d’artistes bien connus provenant de la scène musicale montréalaise venus prêtés main-forte à Philémon; de la harpiste Sarah Pagé des Barr Brothers en passant par le guitariste Nicolas Basque de Plants And Animals. Loin de La Havane, l’artiste a pondu un album qui respire la métropole, ses buildings, ses hivers longs, ses étés chauds, sa poussière, ses gens, tout en gardant l’esprit impromptu de son prédécesseur.

Dans une facture sonore qui relève beaucoup plus du indie rock actuel que de la chanson française, la guitare acoustique est troquée pour une électrique, les ballades mélancoliques se terminent maintenant en crescendo musical à la limite du cacophonique. Les arrangements sont plus sales et lourds, notamment sur les pièces Soleil Blanc, Au cinéma, Moi j’ai confiance et Par la fenêtre. Ça sonne vivant, loin des prises de son parfaites. Au rayon des imperfections, on se questionne pourquoi a-t-on coupé court à la folle envolée à la fin de Chose Étrange. On en aurait pris volontiers une ou deux minutes de plus, si ce n’est que pour appuyer le texte coup de poing d’une cruelle beauté.

Dans ses textes, Philémon, toujours aussi vif, libre et vivant, devient cru et abrasif, et dépeint l’amour sous toutes ses nuances, revers et cicatrices. Encore sur Chose étrange, il chante: «J’ai vu une chose étrange au fond de ton cul/Comme un dégoût de l’humanité/Une terre brûlée, des idées noires, du désespoir, du désespoir/Tu donnes ton corps/Comme on donne la mort». Plus loin, sur la poignante et libératrice Chanson pour un ami: «Y’a de la mousse qui pousse dedans tes yeux d’amoureux/Comme un bandage sur tes jours amoureux».

Bien sûr, le registre de Philémon a encore ses limites et sa voix qui peut agacer dans les aigus pourrait en perdre plus d’un en cours de route (Quel été et La mort des amoureux). Par contre, je connais des auteurs qui tueraient pour des chansons comme Moi j’ai confiance ou Par la fenêtre. Malgré ses imperfections, Philémon Cimon livre avec L’été un album très solide. À la limite, on se fout que ce ne soit pas parfait. La vie n’est pas parfaite, l’amour encore moins et ça, Philémon l’a bien compris. Ça n’empêche pas que ça peut être foutrement beau.

Ma note : 8/10

Philémon Cimon
L’été
Audiogram
45 minutes

www.philemoncimon.com/

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