Critiques

Noel Gallagher’s High Flying Birds

Council Skies

  • Sour Mash Records
  • 2023
  • 47 minutes
7,5

Dans le tourbillon de déclarations sulfureuses qui le caractérise, Noel Gallagher est de retour! Entre son absence comique de réponses envers les insultes régulières de son petit frère sur Twitter, les échanges démesurément intenses avec Matty Healy et un divorce médiatisé, le cerveau d’Oasis crée les circonstances parfaites pour que les médias anglais parlent de lui. L’album qu’il présente est-il à la hauteur de la tempête? Est-ce que la musique parle d’elle-même?

La réponse à cette question est sans équivoque. Avec ce quatrième album solo, Noel Gallagher’s High Flying Birds, propose simplement sa meilleure offrande post-Oasis. Débuté en 2011 avec un album éponyme plutôt classique qui l’a mené à la résurgence créative psychédélique et dansante Who Built The Moon? en 2017, le parcours de Gallagher sans son frère est tout sauf ennuyeux. Délaissant de plus en plus le stadium rock pour explorer des sonorités différentes, il réussit encore à surprendre près de 30 ans après Definitely Maybe.

Annoncé avec le premier extrait à la basse très Cure-esque titré Pretty Boy, cette nouvelle galette laissait présager une continuité avec le virage sonore plus électronique de 2017. Cela dit, on se rend rapidement compte que cette chanson fait ici figure d’exception. Council Skies est résolument très organique. La troisième piste, Dead to the World, centrée sur deux accords répétés de guitare et enveloppée d’une orchestration somptueuse et toute en délicatesse est une des plus belles chansons de tout le répertoire de Gallagher. Vocalement, on l’a également rarement vu en aussi grande forme que sur cette pièce où il nous offre une voix de tête qu’on lui connaissait très peu. Une chanson mélancolique et imagée comme seul l’auteur de Champagne Supernova et de Dead in the Water peut le faire.

Gonna write you a song
Won’t take me long
You can change all the words
And still get them wrong
And if you say so
I’ll bend over backwards

– Dead to the World

Cette volonté d’aller vers des sonorités orchestrales se poursuit avec Open the Door, See What You Find. Difficile de trouver un album de Noel Gallagher sans trouver au moins une chanson qui référence les Beatles. Sur Council Skies, c’est cette chanson qui est la plus évidente avec son mélange rock et cordes ainsi que ses harmonies vocales très 60’s. Pour autant, ce détour évident et ensoleillé est, lui aussi, une sorte d’exception sur le disque qui, dès la pièce suivante, laisse entrevoir plus clairement son propos. Après le Brexit et la pandémie alors que tout semble mal aller, le Mancunien se demande comment rester optimiste.

Trying to Find a World That’s Been and Gone: Part 1 et Easy Now semblent laisser poindre la réponse de l’amour. Au niveau des arrangements, ces deux pièces permettent, à celui qui ne se cache jamais de piller ses contemporains, de référencer deux facettes de l’écriture de Pink Floyd. La première est une ballade simple entourée de sonorités psychédéliques et la seconde a des solos que David Gilmour ne renierait clairement pas. Easy Now est, en parallèle, probablement la pièce la plus proche du meilleur d’Oasis que Gallagher a composé depuis un bon moment avec son refrain fédérateur.

I saw you up and down the lane
But I don’t know your name
Or the places that you hide
If you trade
All the love you’ve ever made
For what you gave away
I wonder what you’d find?

– Easy Now

Ça se poursuit avec la réflective Council Skies qui, avec son rythme bossa nova, est composée musicalement et littérairement comme une sorte de somme de la carrière de Noel. Il référence des riffs d’Oasis, des mélodies vocales et des lignes des précédents disques tout en traitant et en questionnant les souvenirs d’enfance. C’est sur cette note que s’amorce le dernier tiers de Council Skies. There She Blows, Love is a Rich Man et Think of a Number fonctionnent ensemble pour explorer le thème d’aller de l’avant avec son exploration d’une relation amoureuse du début à sa possible fin. Les clins d’œil aux Stone Roses (I Am the Resurrection) et, évidemment, aux Beatles (Tomorrow Never Knows) se poursuivent, particulièrement sur la section rythmique, mais prennent ici un sens. La citation crée une intertextualité qui donne une couleur supplémentaire aux morceaux. Gallagher cherche son espoir et semble le trouver sur la dernière pièce We’re Gonna Get There in the End.

Bref, un disque qui en propose beaucoup plus qu’on pourrait croire et qui montre étonnamment un artiste prêt à entamer une nouvelle phase dans sa carrière. C’est surprenant, mais l’aîné des Gallagher n’a pas perdu la touche magique. Son sens indéniable de la mélodie est intact et, même s’il a tendance à tomber dans certains clichés par moment, sa sincérité et son honnêteté par rapport à son écriture en font une des figures immortelles du rock britannique.

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