Critiques

Mitski

Laurel Hell

  • Dead Oceans Records
  • 2022
  • 32 minutes
6,5

Rares sont les artistes qui suscitent autant d’amour de la part des critiques musicaux. Rares sont les artistes qui se retrouvent à épater la galerie de sorties et en sorties. Mitski, chanteuse Américano-Japonaise qui cumule les succès depuis le début de sa carrière, fait partie de ce groupe. Ou plutôt en faisait partie. Laurel Hell, le dernier album de la chanteuse, est d’une épatante déception.

Mitski, qui avait décidé de quitter la scène musicale fin 2019, revient avec un nouvel album presque forcé. La rumeur veut qu’après s’être rendu compte que son contrat exigeait un dernier album d’elle, elle se soit attelée à la création de ce dernier opus qui se retrouve aujourd’hui entre nos mains. Et la création forcée, ça se sent. Laurel Hell est le dernier enfer de Mitski, une espèce d’ode à sa relation difficile avec sa carrière, avec la musique, avec sa popularité.

L’album semble inspiré par plusieurs genres musicaux différents qui n’ont pas nécessairement de liens communs. That’s Our Lamp se rapproche de l’euro-disco à la ABBA, alors que Working for the Knife est presque une ballade qui fait appel aux sentiments dichotomiques de Mitski par rapport à sa carrière.

I always thought the choice was mine

And I was right, but I just chose wrong

I start the day lying and end with the truth

That I’m dying for the knife

– Dying for the Knife

Dying for the Knife, justement, est ce sentiment qui habite l’album. Comme si elle était contrainte en permanence de produire quelque chose qu’elle ne veut pas produire. Et ça se sent dans cet album où les disparités entre toutes les chansons se font sentir, ou la qualité est moindre que dans ses deux précédents albums, Be The Cowboy et Puberty 2. C’est à se demander pourquoi n’avoir pas pris plus de temps pour sortir un album du calibre de ses opus précédents. Est-ce la popularité grandissante sur Tik Tok qui maintenant lui amène des hordes d’admirateurs ? Est-ce à la demande de sa maison de disques?

Malgré la déception que procure l’album, il n’en reste pas moins que même quelque chose qui n’est pas à la hauteur de Mitski reste franchement un album acceptable, un “bon” album. The Only Heartbreaker est le genre de chanson qui soulève, avec un tempo rapide qui se déconnecte du reste de l’album, une influence des années 80 pleinement assumée. Love Me More est ce qui ressemble le plus à ce que l’on connaît déjà de la chanteuse, malgré l’abus de synthétiseur.

Bien sûr, Mitski est indéniablement l’une des meilleures artistes de la scène indie-pop. Son talent ne peut être nié. C’est pour ça que Laurel Hell est franchement décevant. Elle aurait pu nous créer un autre chef-d’oeuvre du calibre de Be The Cowboy. S’il y a une prochaine fois, un prochain album, on ne peut qu’espérer un retour aux sources pour la chanteuse. Pour nous faire oublier ce drôle d’enfer qu’est Laurel Hell.

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