Critiques

Maky Lavender

…At Least My Mom Loves Me

  • Ghost Club Records
  • 2020
  • 27 minutes
6,5

L’ouest de l’île de Montréal sent la lavande depuis février. Pour marquer l’année bissextile, Maky Lavender a lancé sa première galette officielle. Il y rassemble toutes les variantes du rap actuel en un projet éclectique où une énergie profondément positive prime sur tout, malgré les épreuves inévitables. Album passe-partout, …At Least My Mom Loves Me, libère les inhibitions comme il offre des moments doucement contemplatifs.

Dès l’ouverture, Harvest Moon (aucun lien notable avec le jeune Neil) donne le ton : la quête de l’amour est donnée. Lavender a une dame en tête. Une ritournelle qu’il ne peut pas oublier. Il termine cette introduction en proclamant que l’on doit vivre chaque jour en faisant ce que l’on veut. Sa réinterprétation personnelle du YOLO, qui au moins ne sonne pas comme un mot-clic ou une marque de luxe. L’amour, Lavender le cherche partout, particulièrement envers soi-même.

Tout l’album, spécialement court avec ses neuf pièces, oscille ainsi entre l’affirmation explosive du jeune homme charismatique qu’il semble être, qu’il désire être. Les attentes qu’on peut s’infliger pour sa propre existence sont parfois écrasantes, surtout pour une aspirante vedette du rap. La discussion entre Lavender et le jeune premier Zach Zoya sur Dancin’ jette un peu de lumière sur les doutes qui scintillent sur les planchers de danse. Tout le projet prend les allures d’un portrait rafraîchissant du contexte si masculiniste du rap.

« I’m a flower I bloom
I get by depending on the sun you give me
I can power the moon
I get there then i can you show what you’re missing »

– Bloom

Pour ce qui est des rythmes instrumentaux, rien de négatif à dire. Chaque pièce a sa personnalité propre qui nous donne le goût de l’écouter en boucle. Les deux pièces très explosives, Billie Gin et 5 Stars, me font penser à des succès à la basse crasseuse de N.E.R.D. Impossible de ne pas se sentir en vacances avec le petit bijou de funk contemporain Funkds (Life’s Beach). La production est impeccable, tout en gardant une certaine spontanéité, comme si tout avait réalisé avec une nonchalance malicieuse.

Ça se termine avec un freestyle techniquement surprenant en comparaison avec le reste de l’album, surtout avec son beat au soul suave, mais ça n’enlève pas l’impression d’incomplet. Maky Lavender dévoile par moment une sensibilité qui vaudrait la peine d’être plus exploitée. Est-ce que …At Least My Mom Loves Me est une mixtape camouflée en album ? Possiblement, mais après la 6e écoute de suite ça donne un album triple, minimum. Le prochain sort bientôt ?  

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.