Critiques

Klaus

Klaus

  • Simone Records
  • 2018
  • 44 minutes
8
Le meilleur de lca

Klaus est l’union de trois musiciens avec une feuille de route impressionnante. Tout d’abord, on y retrouve Joe Grass, l’un des guitaristes de Patrick Watson qui joue aussi en compagnie des Barr Brothers et d’Elisapie. Puis, Frank Lafontaine, l’excentrique claviériste de Karkwa et Galaxie. Finalement, Sam Joly qui a partagé la scène avec Oliver Jones… ouais… juste ça.

Ces trois musiciens de renom ont travaillé pendant deux ans ensemble sur Klaus, loin des projecteurs avec absolument aucune attente du public. Ce qui a permis aux perfectionnistes de travailler chacune des pièces à fond. Est-ce que c’est en partie la recette du succès de ce premier album? C’est certain que ça n’a pas nui au processus. On y retrouve aussi une brochette de collaborateurs : Marie-Pierre Arthur, Morgan Moore (Blood and Glass), Mishka Stein (Patrick Watson), Fred Fortin et même Jim Corcoran!

Ce premier album se permet aussi de s’aventurer dans différentes textures sonores. Si The Edge est souvent reconnu comme étant un geek de studio aimant les sons originaux, il pourrait aller prendre quelques leçons avec la bande. D’une chanson à l’autre, Klaus nous envoie des effets aussi différents qu’intéressants. Le Rêve est un l’un des points forts dans ce voyage sonore surprenante.

Joe Grass est l’auteur des paroles de l’album et il en est aussi le chanteur principal. On reconnaît par moment dans sa voix des mélodies qui ne sont pas totalement étrangères à Patrick Watson. Le Néobrunswickois réussit à nous tenir en haleine lui aussi comme il nous le démontre habilement sur Blue Telephone. Les chansons de Klaus se permettent de passer par les chemins qui leur siéent. Bad Religion commence avec des guitares distorsionnées, des claviers qui grichent un peu et une batterie hyperactive avant de plonger dans un espace de calme aérien pour laisser toute la place à la voix grave de Grass.

Certaines chansons nous emportent par leur puissance et leur montée efficace comme Nature Design. D’un autre côté, on retrouve Can’t Turn Back et ses influences quasi cajuns traitées complètement différemment. On en retire ça aussi de Klaus : cette audace et ce sentiment de liberté totale dans la composition. Le trio est libre et ira où il l’entend. Ce qui leur permet même d’oser des procédés casse-cou. Sur Pitbull, Joe Grass glisse sa voix par-dessus celle de Jim Corcoran et s’en tire bien. Tout le contraire de Kanye West, un peu plus tôt cette année.

Klaus se permet beaucoup d’expérimentation, mais livre ici un album qui ne compte que sur des essais réussis. Disons que leur moyenne au bâton est plus haute que la majorité. Les trois musiciens sont individuellement très talentueux et curieux. Ça se ressent sur ce premier album qui est une des sorties québécoises aux plus belles textures sonores de l’année. Ça vaut totalement le détour.