Critiques

Jim James

Eternally Even

  • ATO Records
  • 2016
  • 41 minutes
7,5

Jim JamesLe meneur de My Morning Jacket, le chanteur-guitariste Jim James, est aussi pertinent avec son groupe qu’en mode solo. L’an dernier, avec sa respectée formation, il faisait paraître The Waterfall; un disque aux guitares moins incendiaires que sur l’album Circuital (2011), mais qui faisait une nouvelle fois la preuve de l’importance du quintette originaire de Louisville, Kentucky. Le dernier album en format «esseulé» de James était quant à lui lancé à l’hiver 2013. Regions Of Light And Sound Of God proposait une mixture de soul, de jazz et de funk dans un enrobage assez psychédélique. Chez James, tout est sophistiqué et en retenue.

Au début du mois de novembre, James revenait avec un nouvel album intitulé Eternally Even. Les albums de James ne doivent pas être considérés comme des faire-valoir (ou encore un sous-sitedemo.cauit) des créations de My Morning Jacket. Les disques du musicien se comparent convenablement au travail de sa propre formation. Et le plus récent effort confirme encore une fois cette règle.

Sauf que cette fois-ci, James nous propose un album un peu plus brut qu’à l’accoutumée. Moins réalisé, un peu plus poteux, plus direct, sans perdre la sophistication habituelle, on se retrouve encore une fois au carrefour d’un soft-rock jazzistique aux accents psyché. La pièce qui illustre parfaitement mon propos est sans contredit We Ain’t Getting Any Younger Pt. 1 et Pt. 2. Positionné à mi-parcours de l’album, vous y entendrez une sorte Pink Floyd instrumentale en première partie. Cette atmosphère vaporeuse à tempo moyen est conservée lors de la deuxième partie, mais l’intervention vocale de James accentue le penchant sensuel de la chanson. Du solide.

James réfléchit également à haute voix sur les thèmes de la guerre, des fractures à venir des sociétés occidentales (si ce n’est déjà fait), du vieillissement, et ce, tout en gardant dans sa manche l’éternel sujet de l’amour. C’est ce contraste entre le raffinement sonore et les propos engagés de James qui font de ce Eternally Even une réussite. Un minuscule bémol? Le côté «jammé» de cette conception sonore peut parfois donner l’impression que les chansons ne se démarquent pas les unes des autres. Au fil des écoutes, cette perception s’estompe.

Qu’à cela ne tienne, j’ai pris mon pied à l’écoute de ce soul pianistique titré Here In Spirit, à l’inclinaison soft-rock narcotique entendue dans The World’s Smiling Now et au soul-jazz voluptueux de True Nature. Et on retourne à quelque chose d’encore une fois pink floyd-esque dans la conclusive Eternally Even.

Même si l’impact émotionnel de nouvel album est moins grand que celui vécu lors de l’audition de Regions Of Light And Sound Of God, Jim James réussit encore à me plonger dans un état méditatif près du rêve éveillé. L’ensemble de l’œuvre est bonifié par des thèmes évocateurs parfaitement ancrés dans l’époque dans laquelle nous vivons. Juste pour cette seule et unique raison, ça vaut la peine de venir faire un petit tour du côté de James. Un musicien qui mériterait sans aucun doute un plus grand rayonnement, mais comme disait mon ex, et quoiqu’en pense les chantres du néo-libéralisme, «la vie, ça va pas au mérite».

Ma note: 7,5/10

Jim James
Eternally Even
ATO Records
41 minutes

http://jimjames.com/