Critiques

Jake Bugg

On My One

  • EMI Records / Virgin Records
  • 2016
  • 34 minutes
3

Jake BuggAh! Le Jake Bugg chéri est de retour avec un nouvel album intitulé On My One. Allons-y, si vous le voulez bien, avec un bref historique de la carrière du jeune songwriter. 2012. Premier album homonyme. Et ça s’enflamme mes amis et ça congratule à qui mieux mieux alors que de mon côté je n’entendais qu’un très pâle pastiche de Bob Dylan détenant des liens de filiation vocaux avec Liam Gallagher (Oasis). Pas de quoi fouetter un chat. En 2013 paraît Shangri-La. Et ça commence à déchanter tout ce beau monde-là. On perçoit les fissures et on se dit que Jake Bugg a du talent, mais peut-être pas tant que ça.

Et voilà, il y a environ deux semaines, le On My One en question est apparu dans les bacs. Réalisé par Bugg lui-même, avec l’aide de l’Irlandais Jacknife Lee (U2, R.E.M, Bloc Party), l’auteur-compositeur-interprète avait envie de s’affranchir d’une industrie du disque contraignante et contrôlante. Et je comprends parfaitement ce que Bugg a voulu faire: prendre le contrôle artistique de sa carrière. Mais n’est pas réalisateur qui veut. Un réalisateur digne de ce nom se doit d’avoir une vision et une direction artistique claire afin de guider correctement un groupe ou un artiste solo dans sa démarche. Puisque le Britannique n’avait jamais fait ce travail auparavant, ça donne un disque décousu et complètement éparpillé. Laissé à lui-même, Bugg n’a pas su focaliser. Il a, semble-t-il, oublié de réfléchir et de se préparer adéquatement, en amont du projet.

Sur ce ratage, on y entend du folk, du country, du rock, mais aussi de l’électro-rock désuet et du R&B «n’importe quoi». Bugg s’aventure même dans un rap de fort mauvais goût. Ce n’est pas complètement imbuvable, car il s’en sort assez bien dans les chansons dites «vintage». On My One en entrée de jeu, le folk The Love We’re Hoping For, la très Johnny Cash titrée Put Out The Fire et la dépouillée All That sont tout à fait acceptables, sans être exceptionnelles.

Là où ça s’écroule de tout son long, c’est lorsque Bugg s’éloigne de sa signature habituelle. Ouf! Que dire? Gimme The Love sonne comme du sous-EMF et c’est loin d’être un compliment. Bugg chante comme un Chipmunks dans Love, Hope And Misery. Never Wanna Dance? C’est du soul-pop gériatrique! Bitter Salt? Du pop-rock radiophonique… qui sera rejeté par tous les mercantilistes de l’univers tant c’est mauvais. Et on atteint un summum de médiocrité dans Ain’t No Rhyme. Comme si Beck et les Beastie Boys avaient baisé ensemble pour enfanter… D-Natural. Et j’exagère à peine!

Bref, j’imagine que Bugg, s’il est aussi talentueux qu’on le dit (j’ai mes doutes), se remettra de ce cuisant échec. C’est toute la grâce que je lui souhaite, car pour la suite de sa carrière On My One sera considéré comme une tache indélébile à son dossier. Faire un album, ça s’apprend et force est d’admettre que Jake Bugg n’avait pas étudié assez fort avant son examen.

Ma note: 3/10

Jake Bugg
On My One
Virgin EMI Records
34 minutes

http://jakebugg.com/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=o70e7Nb8SVM[/youtube]

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