Critiques

Iggy Pop

EVERY LOSER

  • Atlantic Records
  • 2022
  • 37 minutes
7,5

En 2016, lors de la sortie de l’excellent Post Pop Depression, disque réalisé par Josh Homme (Queens of the Stone Age), le vénérable James Newell Osterberg Jr., alias Iggy Pop, avait laissé présager que la fin de sa carrière approchait à grands pas. Or, l’artiste âgé aujourd’hui de 75 ans n’avait pas dit son dernier mot. En 2019, il nous présentait Free; un bon album aux accents jazzistiques et ambiants.

Le 6 janvier dernier, l’increvable Iggy était de retour avec un nouvel opus. Intitulé EVERY LOSER, ce 19e album en carrière pour le Parrain du punk est un retour au rock rempli de testostérone.

Réalisé par Andrew Watt (Pearl Jam, Ozzy Osbourne), le vétéran a réuni plusieurs de ses amis musiciens avec qui il a tissé de solides liens au cours de sa longue trajectoire s’échelonnant sur six décennies : Duff McKagan (Guns N’Roses), Chad Smith (Red Hot Chili Peppers), Dave Navarro (Jane’s Addiction), Travis Barker (Blink 182) et le guitariste Josh Klinghoffer, entre autres. Même feu Taylor Hawkins — batteur des Foo Fighters décédé le 25 mars 2022 — a participé à l’enregistrement de cet album.

Dès le départ, avec l’explosive entrée en matière titrée Frenzy, Iggy et ses acolytes annoncent leurs couleurs. Le vieux routier nous avise surtout qu’il n’a pas envie de diluer son propos compte tenu de cette ambiance conformiste qui domine le paysage médiatique et culturel depuis quelques années. Sans aucune subtilité, le vieux punk verse dans une provocation puérile, mais somme toute sympathique :

Got a dick and two balls

That’s more than you all

– Frenzy

Dans Neo Punk, Iggy se moque de tous ces vieux artistes — et de lui-même — qui manifestent leur appartenance à l’idéologie punk, mais qui sont devenus au fil des années des caricatures un peu risibles:

Emotionally, I’m a celebrity

I’m a neo punk

I don’t have to sing, I got publishing

I can puke and drool in your swimming pool

– Neo Punk

Musicalement, le son est généralement abrasif, même si certaines pièces comme l’émouvante Strung Out Johnny ou Morning Show nous montrent une facette plus « gentille » du doyen.

Même si certaines chansons flirtent avec l’autoplagiat et la parodie — le riff de Modern Day Ripoff est un clin d’œil évident à TV Eye des Stooges —, on ne peut qu’être admiratif devant la fougue juvénile démontrée par Iggy Pop. D’entendre un homme âgé de 75 ans faire fi du jugement de ses semblables embourgeoisés est une inspiration pour tous ceux et celles qui ont envie de vivre leurs derniers jours sans contraintes sociales superflues. Cet homme est une force de la nature !

La pertinence de cette production réside d’abord et avant tout dans ce feu qui brûle toujours dans le corps et le cœur de cet homme qui s’amuse crûment. Vivre à fond, envers et contre tous, c’est un peu le message qu’essaie de nous transmettre Iggy Pop.

EVERY LOSER est un disque électrisant, conçu sans prétention, qui brasse quelque peu notre cage dorée tout en nous faisant sourire.

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