Critiques

Iggy Pop

Post Pop Depression

  • Loma Vista Recordings
  • 2016
  • 42 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Iggy Pop«You guys are beautiful! I’m almost dead and I fucking need this!!»

C’est sur ces belles paroles qu’Iggy Pop s’est adressé pour la première fois à la foule du festival Heavy Montreal 2015 par un bel après-midi ensoleillé du mois d’août. Le seul survivant des Stooges était là pour jouer ses plus grands hits, il va sans dire. On ne savait pas à ce moment-là qu’il avait déjà enregistré ce qui sera probablement l’album de sa retraite.

Évidemment, lorsqu’on prend sa retraite et qu’on a un peu de moyens, on se gâte. C’est exactement ce que l’Iguane a fait en engageant Josh Homme, Dean Fertita (de QOTSA) et Matt Helders, mieux connu en tant que batteur très solide des Arctic Monkeys. Ces trois types-là n’ont pas dû se faire tordre un bras pour faire la job, parce que leur plaisir à jouer ces nouvelles chansons de Pop est évident tout au long de ce dernier tour de piste.

Lors de la parution de Gardenia au début du mois de février, je n’étais pas instantanément séduit par le projet. Si une carrière s’est déroulée en dents de scie, c’est bien celle de l’inventeur du show en chest et j’étais un peu méfiant. Mes appréhensions ont vite été chassées par ce deuxième extrait, qui ouvre l’album, intitulé Break Into Your Heart, dans laquelle une mélodie vocale étrangement accrocheuse s’agrippe à un groove typiquement Homme-esque. On comprend instantanément que l’union des deux univers devait absolument avoir lieu. Même Gardenia est meilleure dans le cadre d’une écoute intégrale de l’album.

Il ne manque absolument pas de moments forts sur ce disque. Je pense entre autres à la puissante American Valhalla, la cinématique et inquiétante Vulture, la stoner sur le clean German Days et le clou du spectacle, Sunday: une pièce funk-rock progressive de plus de six minutes avec des choristes soul et une finale «big band» hallucinante. Ç’a juste pas rapport tellement on a jamais entendu un truc du genre dans le répertoire dit «iguanesque». Je n’ai pas encore mentionné la finale, la superbe Paraguay.

«I’ve had enough of you/Yeah I’m talking to you/I’m gonna go to Paraguay/To live in a compound/Free of criticism/free of manners and mores»

On ne peut pas avoir plus clair comme façon de tirer sa révérence, non? Côté paroles, on y jase surtout de sexe et de mort. L’album est bourré de perles du genre et c’est tout simplement les meilleures écrites par James Osterberg, de son vrai nom, depuis un sacré moment, lui qui aurait pu se forcer un peu plus pour les deux derniers opus des Stooges. Vous rappelez-vous de My Idea Of Fun Is Killing Everyone, Free And Freaky In The USA et I Got A Job And It Don’t Pay Shit? Moi oui, hélas! Fort heureusement, aucun cabotinage n’est toléré ce coup-ci.

En terminant, le titre de l’album ouvre la porte à mille interprétations, mais en fait, il a été nommé ainsi en raison du coup de blues que les musiciens menés par Homme ont ressenti lorsque le disque a été finalisé. C’est également un peu comme ça qu’on se sent quand ce même disque tire à sa fin.

Ma Note: 8,5/10

Iggy Pop
Post Pop Depression
Loma Vista
42 minutes

iggypop.com

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