Critiques

GAYANCE

Mascarade

  • Rhythm Section
  • 2023
  • 29 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Une fois n’est pas coutume, commençons par la fin. Pourquoi pas, après tout? Moonrising (10 Years), l’ultime morceau du disque Mascarade de Gayance – de son nom civil Aïsha Vertus – est un diamant brut, un succès comme il s’en fait peu aujourd’hui et qui incarne l’essence même de la musique. Tout y est: une house impeccable, colorée par des sonorités très, très chaudes; une voix qui emporte tout sur son passage, celle de la chanteuse de jazz Judith Little D qui prend ici la direction du gospel; une énergie cathartique à revendre qui donne sérieusement envie de danser, de fêter chaque petite chose de la vie, et puis de ne jamais s’arrêter. Vraiment, les cinq minutes que dure la piste sont une bulle de bonheur hors du temps. 

Rien qu’avec Moonrising (10 Years), on comprend donc instantanément ce qui a séduit Bradley Zeros de l’étiquette londonienne Rhythm Section, qui compte l’artiste équatorien de renom international Nicola Cruz, entre autres, et l’a convaincu de prendre Aïsha Vertus sous son aile. Quant au reste de Mascarade, il ne fait que confirmer le propos. Après une écoute en boucle de l’album sorti en mars, qui soulignons-le est le tout premier de Gayance, l’enthousiasme, l’étonnement presque, est intact même plusieurs mois après. 

Gayance, c’est aussi l’incarnation de l’identité artistique et culturelle montréalaise, faite de connexions, de DIY, d’audace et d’influences qui dépassent les frontières du Québec et du Canada. Mascarade en est ainsi un précieux condensé, reflétant l’histoire d’Aïsha Vertus elle-même, Montréalaise born and raised d’origine haïtienne ayant vécu au Brésil, en Belgique et aux Pays-Bays, tout comme l’histoire avec un grand H, comme il est de bon ton de dire. En témoigne le court-métrage de Maïlis réalisé à l’occasion de la sortie du disque, que l’artiste a diffusé en primeur lors de son concert incandescent au Centre PHI au printemps dernier et qui évoque à la lueur de la féminité le récit de l’afrodescendance, quelque part entre l’Afrique de l’Ouest et les Caraïbes. 

Enfin, Mascarade est un bel hommage à l’autre et une célébration des rencontres. Afin de donner de la profondeur à ses mélodies électroniques ondoyantes et percutantes, Gayance a, de cette manière, fait appel à plusieurs musiciens, outre Judith Little D que l’on a en plus le plaisir d’entendre sur Lord Have Mercy. Il y a d’abord Janette King, proche d’Aïsha Vertus que l’on retrouve sur les deux titres qui introduisent l’ensemble Dead End et Clout Chaser’s Anthem. Ce dernier a, par ailleurs, également été produit avec une autre de ses amies, Hua Li. La chanson pensée par le trio lors d’une résidence artistique est aussi enivrante qu’elle déborde d’émotion où la torpeur prend son relief dans un délicat écho de R&B. Comment ne pas parler de la participation de Raveen à la pièce maîtresse éponyme Mascarade? Un soupçon de sa guitare et le crescendo se fait époustouflant… à l’image du reste finalement. 

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