Critiques

Franz Ferdinand

Always Ascending

  • Domino Records
  • 2018
  • 39 minutes
5

Il y a quelques semaines déjà, j’ai joué au DJ dans le cadre d’une soirée festive et arrosée (cela va de soi) célébrant l’anniversaire d’une amie. Lorsque l’introduction de Take Me Out de la formation Franz Ferdinand s’est fait entendre, la piste de danse improvisée s’est remplie au maximum de sa capacité pour ne plus jamais dérougir. Ce préambule est pour illustrer tout le pouvoir rassembleur de ce grand succès rock. On peut ne pas aimer Franz Ferdinand, mais force est d’admettre que le groupe a composé un « hit » indémodable.

5 ans après la parution du potable Right Thoughts, Right Words, Right Action et 3 printemps après la sortie de FFS – une fusion intéressante entre les Écossais et la formation « art rock » états-unienne Sparks – Franz Ferdinand était de retour la semaine dernière avec un 5e album studio titré Always Ascending; un disque réalisé par Philippe Zdar (Cassius, Phoenix, Beastie Boys) et enregistré à Londres et Paris. Fait à noter, le guitariste Nick McCarthy a quitté le navire pour être remplacé par deux musiciens. Un départ important, il va sans dire. Pour cette raison, entre autres, Alex Kapranos et ses acolytes souhaitaient mettre la hache dans leurs habitudes de création, semble-t-il.

Après 15 ans d’existence, 10 millions d’albums vendus, de multiples Brit Awards et quelques nominations aux Grammy Awards, est-ce que le désormais quintette nous propose un de leur brûlot festif dont eux seuls détiennent le secret ?

Pas tout à fait.

Pour confectionner ce nouvel assemblage de chansons, Franz Ferdinand s’est isolé en studio afin de tenter de nouvelles expériences sonores. Eh bien, ce qu’on nous offre sur ce disque est une version édulcorée de la formation où les envolées disco-funk sont légion, portant ainsi ombrage aux textes « lendemain de veille » dépeignant la société narcissique dans laquelle nous vivons. Ça donne une création destinée à un public cible constitué de trentenaire/quarantenaire, nostalgique d’une période révolue (la fin des années 70) et d’une musique elle aussi révolue (le disco), mais qui revient à la mode parce qu’à l’heure actuelle, ce monde a beaucoup plus d’inquiétudes à nous offrir que de sérénité…

Et je serai d’une honnêteté implacable. En 2018, quand un groupe replonge dans un genre musical usé à la corde, ça démontre un manque flagrant d’inspiration. Quand j’ai envie d’écouter du funk ou du disco, je prête l’oreille aux meilleurs éléments du genre : Chic, Earth Wind and Fire, KC and the Sunshine Band, etc. Pas Franz Ferdinand. J’accepte quand la bande à Kaparnos fait danser son rock, pas quand elle fait disparaître le rock pour le remplacer par une sorte de disco-funk gériatrique. Alors, si Kapranos considère qu’Always Ascending est synonyme de renouveau, je conclus que ma définition de « rajeunissement » n’est pas la même que la sienne.

Cela dit, ce nouvel opus n’est pas imbuvable, mais on est loin de la cure de jouvence annoncée. Quelques chansons valent la peine. La chanson-titre est du Franz Ferdinand pur jus : amusante, enjouée et dansante. La sarcastique et posée The Academy Award et la conclusive Slow Don’t Kill Me Slow versent toutes deux dans un registre post-punk gentillet, mais somme toute intéressant. Cependant, quand le quintette s’aventure à nous ressasser d’interminables pièces disco-funk à la Lazy Boy ou encore Glimpse of Love, je déguerpis.

Always Ascending est tout simplement un album de party… de pépère ! Ça plaira à certains nostalgiques, mais en ce qui me concerne c’est « Take Me Out » !

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