Critiques

Fenne Lily

Big Picture

  • Dead Oceans
  • 2023
  • 41 minutes
8
Le meilleur de lca

Réalisé par Brad Cook (Waxahatchee, Snail Mail), Fenne Lily récidive avec Big Picture et nous donne de nouveau l’occasion d’explorer un peu plus sa psychologie en reprenant les choses plus ou moins là où elle les avait laissées avec BREACH (2020). On Hold (2018), et surtout BREACH (2020), exposaient tous deux la solitude, la rupture et la douleur de la rétrospection, Big Picture fait exactement le contraire : bien ancré dans le présent, bien qu’il relate de nouveau les états âme de la jeune femme, il est plus contemplatif et expose une grande confiance dotée d’une paix intérieure.

En effet, selon l’interprète, l’écriture de Big Picture était sa tentative de mettre une sorte d’ordre dans la catastrophe pandémique de 2020. En documentant les aspects les plus vulnérables de cette période, elle se donnait comme objectif de récupérer une sorte d’autonomie de son existence.

L’amour et l’incertitude sont des expériences universelles; la délicate 2 + 2, la méditative Light Light Up et la poignante Dawncolored Horse dans lesquelles Fenne Lily relate ses observations sur l’attachement, la perte et le rôle étrange que le temps peut jouer sur un couple, sont de parfaits exemples de ces sentiments.

The traffic lights light up as we stand kissing

And the car horns play along

And though the sign says stop and look and listen

We don’t do that shit anymore […]

I guess we never really had that much in common

‘Cept the days the nights and the cold

And though we don’t really talk about it often

The fear of this getting old

Light Light Up

Avec ses sonorités indie-folk éthérées, Big Picture séduit autant par sa composition de textes solides que par sa vulnérabilité émouvante d’assurance. L’extrait Pick change momentanément l’ambiance avec une pop fraîche et efficace dotée d’un rythme qui vous fera assurément taper du pied tandis que In My Own Time, avec ses harmonies vocales et ses ritournelles, incarne la sérénité comme une douce berceuse optimiste au goût du jour.

Le tout s’achève avec Red Deer Day et la précieuse Half Finished qui s’imposent comme de magistrales démonstrations de sensibilité en raison de leur fort contenu émotionnel, mais aussi parce que les arrangements mélodiques et la performance vocale feutrée de Fenne Lily sont au diapason. Ces mélodies confèrent à ces pièces un charme indéniable qui nous laisse avec une sensation d’apaisement.

Cela a déjà été dit dans ma critique du précédent album, BREACH, mais qui, selon moi, vaut la peine d’être répété, la native de Bristol en Angleterre est particulièrement douée dans l’exercice des ballades, et avec cette nouvelle offrande, on en a une preuve supplémentaire.

De toute évidence, Fenne Lily aime l’idée d’un journal musical pour décrire son cheminement, qu’il s’agisse de joies éphémères ou d’échecs amoureux, et cet album dépeint une artiste en pleine possession de ces moyens, c’est-à-dire une excellente auteure-compositrice avec une magnifique voix. Tout fonctionne efficacement, et fait probablement de Big Picture son album le plus mature et complet jusqu’à présent. Dans le contexte de la forte concurrence féminine actuelle, la jeune femme n’a absolument rien à envier aux autres artistes du genre.

Un album d’une grande simplicité, et c’est sans doute ce qui fait sa force. C’est le genre de disque qui s’écoute religieusement, à tête reposée. Il reste toujours spontané, touchant et surtout sincère. Quand un artiste ne ment pas, on le ressent et ça fait du bien.

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.