Critiques

Ducks Ltd.

Modern Fiction

  • Carpark Records / Royal Mountain Records
  • 2021
  • 30 minutes
7,5

Anciennement connu sous le nom de Ducks Unlimited (une organisation écologique vouée à la conservation des milieux humides et des habitats naturels), le duo formé d’Evan Lewis (guitare, basse, boîte à rythmes et séquenceurs) et de Tom McGreevy (voix, guitare, basse et claviers) est assurément friand de nostalgie musicale. Pour ce premier album en carrière intitulé Modern Fiction, les Torontois nous présentent des chansons marquées par une dévotion pour la jangle pop des années 80.

Vous en voulez des influences ? The Wedding Present, The Feelies, The Cure, Real Estate, pour ne nommer que ceux-là. Mais par-dessus tout, c’est l’ascendant de l’importante formation australienne menée par Robert Forster et feu Grant McLennan (1958-2006), The Go-Betweens, qui domine outrageusement. En plus de la voix de McGreevy qui ressemble à s’y méprendre à celle de McLennan, le groupe bonifie son instrumentation d’un violoncelle, gracieuseté d’Eliza Neima qui officie sur quatre chansons… exactement comme les « Go-Bees » le faisaient avec le hautbois d’Amanda Brown!

Le modus operandi créatif de la formation est assez simple. McGreevy compose la base des morceaux à l’aide d’une guitare électrique débranchée avant de les soumettre à Lewis. Ensemble, la paire finalise les chansons en y ajoutant la boîte à rythmes, les mélodies naissantes (qui seront peaufinées ultérieurement) et la basse. Réalisé en partie par James Cecil (The Goon Sax, Architecture in Helsinki), le groupe a obtenu l’aide de la formation indie-pop néo-zélandaise, The Beths, sur trois chansons de l’album.

En général, cette sorte de pastiche aveuglant agace sérieusement l’auteur de ces lignes. Et pourtant, Modern Fiction est une entrée en matière des plus réussis. Les habituelles guitares arpégées sont adroitement fondues l’une dans l’autre. Les lignes de basse sont inventives et viennent camoufler la linéarité rythmique et, bien sûr, les mélodies de McGreevy sont d’une magistrale efficacité. Mais ce qui séduit à l’écoute de ce Modern Fiction, c’est la qualité incontestable des chansons de ce premier effort. McGreevy et Lewis maîtrisent tellement bien les codes de la jangle pop des années 80 qu’on oublie aisément les ressemblances frappantes aux groupes mentionnés plus haut.

Modern Fiction ne contient aucune pièce anémique. Parmi les meilleurs, on note How Lonely Are You?, un hommage à l’amitié à distance inspirée par les nombreux déménagements vécus par McGreevy et Lewis au cours de leur existence respective. 18 Cigarettes a pris forme après que les deux compositeurs aient visionné une performance en concert de la formation britannique Oasis, offerte en 1997, sur laquelle le groupe interprétait Don’t Go Away, pièce parue sur l’album Be Here Now. Dans Fit to Burn, les guitares aux allures post-punk dynamisent l’écoute et la conclusive Grand Final Day est une véritable pourvoyeuse de frissons.

Ce premier long format de la formation canadienne est résolument nostalgique. Certains vétérans pourraient tiquer à l’écoute de ces calques du « bon vieux temps ». Cependant, le sens mélodique exceptionnel et l’indéniable talent compositionnel de Ducks Ltd compensent pour cette obsession passéiste. Si le plus récent album de la formation The Goon Sax vous a laissé de marbre, vous pourriez être conquis par Modern Fiction.

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