Critiques

Uniform

Wake In Fright

  • Sacred Bones Records
  • 2017
  • 37 minutes
6,5

Uniform est un duo new-yorkais qui s’est formé quand deux amis, Michael Berdan et Ben Greenberg, se sont rendu compte qu’ils vivaient sur la même rue. La proximité géographique doublée d’une affinité pour la musique thrash, hardcore et industrielle rendait la collaboration inévitable.

Vous connaissez peut-être déjà Greenberg. Il a réalisé et enregistré divers groupes noise rock new-yorkais au cours des dernières années (Pop. 1280, Destruction Unit, Zs, White Suns). Il a notamment remplacé le bassiste du groupe The Men quand ce groupe a décidé de faire du roots-rock fade au lieu du punk dévastateur qu’il avait fait auparavant… Bon, ce dernier détail est un « pet peeve » très personnel, mais je ne blâme pas forcément Greenberg. Il a su capter des groupes exceptionnels lors d’enregistrements mémorables, et il a fait partie de Pygmy Shrews, un excellent groupe. Quant à Berdan, c’est un chanteur à la voix de fiel qui a sévi au sein du groupe Drunkdriver. Bref, le duo arrive avec un enviable pedigree de rock poisseux.

Uniform nous offre du pur noise rock, alors? Pas du tout. On a plutôt droit à du métal industriel qui rappelle le travail de Ministry, Nine Inch Nails et Pitchshifter au début des années 90. Il y a un éventail intéressant d’intensités entre l’industriel gothique d’une pièce comme The Light at the End et le gros riff thrash de The Killing of America, Greenberg arrivant à parcourir plusieurs recoins d’un espace stylistique somme toute assez limité.

Les dynamiques, les rythmes et les riffs qui s’étendent sur les huit pièces de l’album ne sont pas sans une certaine efficacité, mais on ne peut pas dire que ce sont des idées très originales. Similairement, la voix de Berdan unit l’album et lui donne un fil conducteur, mais elle pourrait facilement être confondue avec la voix de quelques dizaines de chanteurs hardcore (j’ai sérieusement cru en entendant Tabloid que Matt Korvette de Pissed Jeans avait changé de groupe).

La musique industrielle de l’âge d’or du genre me semblait mystérieuse par sa complexité technologique. Qu’un musicien seul ou un duo arrive à synchroniser différents appareils analogiques pour créer une immense masse de bruit, ça tenait de la sorcellerie à mes oreilles. La technologie a beaucoup changé, un duo peut faire de la musique très semblable à temps perdu dans son appartement avec une infime fraction des connaissances et des moyens que possédaient les maîtres du genre il y a 25 ans. Ce que Uniform nous démontre, c’est que le pastiche et l’impression d’authenticité sont particulièrement faciles à recréer de nos jours. Un bon riff et un gros beat, c’est bien. Ça fait passer un bon moment. Mais ça n’en fait pas de la grande musique.

Ma note : 6,5/10

Uniform
Wake in Fright
Sacred Bones Records
37 minutes

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