Critiques

The Men

Devil Music

  • We Are The Men Records
  • 2016
  • 34 minutes
7,5

The MenThe Men. Voilà un groupe difficile à apprécier. Après les débuts parfaitement noisy de l’album Leave Home, le punk rock très Replacements/Hüsker Dü d’Open Your Heart et le virage rock classique springsteenien de New Moon et Tomorrow’s Hits, le quatuor était de retour récemment avec Devil Music.

En ce qui me concerne, j’ai une relation amour-haine avec les New Yorkais. Autant ce que propose le groupe sur disque me satisfait, autant en concert, c’est l’une des formations parmi les plus minables qu’il m’ait été donné de voir. C’est toujours tout croche, aucun désir de transmettre une hargne quelconque au public, bref, une vraie bande de slackers paresseux qui ont l’air de s’emmerder royalement plutôt que de s’amuser à brasser la baraque. Désolant.

Cela dit, ce Devil Music enregistré en un seul week-end (et ça s’entend) ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis. On pense parfois à Sabbath, mais surtout aux MC5 et aux Stooges, particulièrement lorsque le saxophone dissonant fait son apparition dans Ridin’ On et Hit The Ground, entre autres. Bien sûr, il y a bien pire comme ascendant. Même si tout ce boucan est totalement prévisible, on ne peut reprocher à The Men d’y aller à fond de train, sans aucun compromis.

Devil Music est donc campé entre le noise de Leave Home et le punk rock d’Open Your Heart. Ce n’est absolument pas un album marquant, mais ça fait plaisir d’entendre un groupe qui a encore de l’essence dans le réservoir, même si je vous supplie de les éviter en live. Primitif et chambranlant, vous aurez l’impression, tout au long de l’écoute, d’entendre un groupe qui maîtrise à peine ses instruments. En plus d’être en cohérence avec les chansons «urgentes» de ce disque, la réalisation bancale (y’en a juste pas!) accentue cette impression d’amateurisme qui, au fil des écoutes, ne s’estompe pas et qui, malgré tout, charme.

Si vous lisez ce texte depuis le début, vous aurez le sentiment que ce disque m’a laissé sur ma faim. Détrompez-vous, j’ai embarqué de plain-pied dans cette proposition. Parmi les chansons qui m’ont fait pas mal «headbagner», j’ai tripé solide sur l’entrée en matière Dreamer, sur la désarticulée Lion’s Den, sur le riff principal, totalement «stoogien», de Patterns, sur l’introduction qui arrache les oreilles dans Violate ainsi que sur le «Jesus Christ» hurlé à pleins poumons dans Fire. Même l’intermède acoustique, Devil Music, fait le travail et sert de baume à mes pauvres oreilles abîmées par tant d’années de rock. Cet album est un merveilleux tapage totalement adolescent.

Au risque de me répéter, ne mettez pas un seul dollar sur ce groupe qui ne vaut pas un clou en concert. Par contre, ce Devil Music viendra combler l’amateur de rock sans fioriture qui est un peu fatigué d’entendre ce genre musical spolié par le marketing, par des artistes racoleurs, des labels sans vision ou par des journalistes musicaux intéressés beaucoup plus par les fringues, le mémérage, les réseaux sociaux et le dieu dollar que par la musique. The Men persiste et signe à sa manière. Juste pour ça, Devil Music vaut la peine.

Ma note: 7,5/10

The Men
Devil Music
We Are The Men Records
34 minutes

http://wearethemen.blogspot.ca/