Critiques

Beck

Colors

  • Capitol Records
  • 2017
  • 45 minutes
5

Beck est un artiste qui a fait très peu de faux pas dans sa carrière. Dès son premier album, il arrivait avec une bonne dose d’attitude qui sublimait les faiblesses qu’il aurait pu avoir. En 2014, il a fait paraître Morning Phase, un album universellement acclamé par la critique tout comme le public. C’était aussi pour Beck un retour sur album après une pause de 6 ans depuis la sortie de Modern Guilt. Mais parlons plutôt de son plus récent, Colors.

Pour avoir des couleurs… j’imagine qu’on pourrait affubler ce terme à l’album. Surtout des couleurs de types flash et bonbons. Parce que sur Colors, Beck se lance dans une tangente beaucoup plus convenue que dans ses précédents opus. Les pièces font pour la plupart dans la pop bonbon taillée sur mesure pour les radios commerciales. Est-ce que c’est un désastre? Non, pas particulièrement. Est-ce que c’est loin en deçà des attentes qu’on entretient à l’endroit de Beck? Oui. Totalement.

Beck nous a habitués à de la qualité. Sa pop alternative a toujours trouvé le moyen de nous surprendre. Une surprise que vous aurez sur No Distraction… mais pas exactement dans le même sens. Il semblerait que Beck veut jouer à la radio commerciale et c’est ce qui arrivera. No Distraction est une chanson pop générique et sans saveur qui malgré un rythme entraînant nous sert tellement de réchauffé que ça donne envie de rappeler Foreigner pour savoir s’ils font toujours de la musique. Ce n’est pas vrai. (Quoi? Foreigner est toujours actif? Mais où va le monde?) Bref, revenons à nos moutons. L’album s’entame sur la chanson-titre qui jette les bases de ce qui attend l’auditeur pour le reste du chemin. Des structures chansonnières simples où s’enchaînent les éternels couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain.

On connaît le goût prononcé de Beck pour les esthétiques du passé. À date, il choisissait toujours le meilleur. Seventh Heaven prend au contraire tout ce qui est de plus ennuyant des années 80 du drum machine hop la vie, mais terriblement entraînant pour l’oreille qui écoute distraitement aux chœurs un peu vaporeux des refrains. Dreams pour sa part semble tout droit sortie d’un album de Foster the People. On se demande rapidement, mais que se passe-t-il… puis, on regarde les crédits de réalisation et on comprend tout de suite.

Greg Kurstin.

Qui est Greg Kurstin, demandez-vous? Le même génie qui est derrière l’ennuyant Concrete and Gold des Foo Fighters. Celui-ci n’a pas que des taches à son dossier. Il était derrière l’excellent 1000 Forms of Fear de SIA. Par contre, il possède des moments moins glorieux dans sa discographie comme le dernier Tegan and Sara, Foster the People et plus.

Que Beck ait fait confiance à la direction de Kurstin explique une grande part du manque de saveur de l’album. Un peu à la manière des Foo Fighters, il manque d’urgence. On dirait de la musique créée dans le confort d’un Lazy-e boy, ça ne fonctionne pas. Et surtout, Beck nous a habitués à beaucoup mieux.

Il y a quelques moments lumineux à travers Colors. Dear Life, malgré son côté déposé, possède quelques détours intéressants et une mélodie moins convenue. Square One, malgré quelques défauts dans le traitement sonore, n’est pas une mauvaise composition. Mais bon… c’est trop peu trop tard.

Greg Kurstin est en train de laver à l’eau de javel certains artistes qui étaient appréciés tout au long de leur carrière. Ceux-ci font le virage pop maladroitement. Beck qui est un excellent compositeur livre ici un album racoleur et cliché dans sa réalisation. Mais comme énoncé plus haut, Beck possède une discographie béton, alors, on va lui pardonner.

Ma note: 5/10

Beck
Colors
Capitol Records
45 minutes

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