Critiques

Conrad Keely

Original Machines

  • Superball Music
  • 2016
  • 56 minutes
6,5

Conrad KeelyConrad Keely est l’un des meneurs (avec Jason Reece) de l’excellente formation rock américaine …And You Will Know Us By The Trail Of Dead. Il faisait paraître récemment un album en mode solo titré Original Machines. Le dernier Trail Of Dead, intitulé simplement IX, était franchement solide et a failli se faufiler dans la liste de mes 25 meilleurs albums de 2014. Écrit en grande partie lors d’un périple au Cambodge, le musicien a également composé quelques pièces lors de la dernière tournée de Trail Of Dead.

Évidemment, le désir d’une plus grande liberté créative a justifié la genèse de cette conception sonore. Keely est un fou de prog-rock et à ma grande surprise, aucune des ritournelles entendues sur ce disque ne dépasse la barre des trois minutes. On a droit à 24 chansons concises qui constituent un éloquent patchwork de tout ce que sait faire le talentueux créateur. On passe de l’électro-rock, au pop-rock pianistique, au rock lourd, sans trop se perdre dans les méandres créatifs de Keely. Exigeant et salutaire à la fois.

Puisque la saturation des guitares est amenuisée, comparativement à l’assaut sonore que peut préconiser Trail Of Dead, ce sont les imparables mélodies de Keely qui prennent le plancher… et ça pourrait déstabiliser le pur et dur du groupe originaire d’Austin, Texas. Ce serait assez malhonnête de ma part si je vous disais que la proposition de Keely m’a jeté sur le cul dès les premières écoutes, mais au fil des auditions, j’ai découvert assez rapidement l’excellent songwriter qui se cache derrière ce rocker doublé d’un mélodiste hors pair.

Là où certains mélomanes pourraient y déceler une direction musicale sans queue ni tête, j’y vois plutôt un auteur-compositeur-interprète désirant exploiter toutes les facettes de sa personnalité. Bien sûr, rien n’arrive à la cheville de la catharsis sonore des pièces-fleuves de Trail Of Dead, mais plus on approfondit cet album, plus on découvre que Keely est doué… très doué!

Certaines chansons font office de remplissage et laissent une désagréable impression de coït interrompu. Je pense aux quelconques Your Tide Is Going Out, Row Away et Nothing That I Meant (Interstellar), les trois situés à mi-parcours. En contrepartie, Keely est à son meilleur dans l’orchestrale In Words Of A Not So Famous Man, dans la pop pianistique Engines In The Dark, dans l’étrange The Jungles (qui fait penser quelque peu à ce que peut proposer un Damon Albarn par exemple), dans le refrain très The Vines nommé All Molten, dans la «poteuse» All That’s Left Is Land ainsi que dans l’explosive Hills Of K-Town.

Il y a deux façons de percevoir Original Machines. Celui qui ne peut qu’associer Keely à Trail Of Dead pourrait se sentir largué et celui qui accepte le bonhomme comme un songwriter à part entière pourrait fort bien y trouver son compte. Conrad Keely nous propose un intermède fort décent en attendant la prochaine galette de Trail Of Dead.

Ma note: 6,5/10

Conrad Keely
Original Machines
Superball Music
56 minutes

http://www.conradkeely.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=3LX0EoCswY0[/youtube]

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