Critiques

Cocaine Piss

Passionate and Tragic

  • Hypertension Records
  • 2019
  • 20 minutes
7

Avec plus de 400 concerts donnés en Europe, la formation noise-punk Cocaine Piss est l’un des leaders de la foisonnante scène hardcore européenne. Formé en 2014 dans la ville de Liège en Belgique, le groupe a fait paraître The Pool en 2015, The Dancer en 2016, en plus d’un court EP de 8 chansons en 2017 intitulé Piñacolalove. Le quatuor, formé de Yannick (batterie), Mathias (guitare) et Farida (basse), est mené par une « frontwoman » frondeuse comme on les aime : Aurélie Poppins.

Le groupe prend également un soin jaloux de son image rebelle en confiant la réalisation de ses vidéoclips à Laetitia Bica; une photographe belge qui s’est fait connaître en oeuvrant dans le milieu de la mode. Bref, Cocaine Piss est un groupe punk hardcore bien ancré dans la tradition, musicalement et esthétiquement.

Le 5 avril dernier, les Belges nous proposaient un nouvel album : Passionate and Tragic. La spécificité de ce disque est qu’il a été réalisé par nul autre que Steve Albini. Enregistré à Chicago au studio Electric Audio (propriété du maître Albini) la bande nous balance 12 chansons en 20 minutes. Rien de bien nouveau chez Cocaine Piss… à part le fait que le son « Albini » fertilise la pugnacité des guitares tout en mettant de l’avant l’interprétation frénétique de Poppins.

Sans l’apport de la charismatique chanteuse, Cocaine Piss serait sans aucun doute un groupe punk hardcore comme il s’en fait des milliers. Mais puisque Poppins domine outrageusement la situation avec sa voix un brin criarde et haute perchée, la formation s’en tire plutôt bien… malgré la facture sonore maintes fois entendue.

Côté textes ? Poppins ne fait aucun compromis. Dans Fake Tears, elle tourne en dérision cette forte tendance à la rectitude politique que l’on décèle dans certains milieux dits « progressistes » :

« I value your opinion very much

Sorry I might have lost my temper

I apologize I apologize I apologize »

Fake Tears

Dans Eat the Rich – seule pièce interprétée en français et qui veut tout dire –, elle insinue de manière assez convaincante ce qu’il adviendra de ce nanti auquel elle fait face :

« Tu sens le riche

Et j’ai faim… »

Eat the Rich

Bref, sans que ce soit la réinvention punk de la décennie, Cocaine Piss respecte parfaitement les conventions du genre et la réalisation d’Albini modifie juste assez le son d’ensemble de la formation, le rendant plus menaçant qu’à l’accoutumée.

Si vous aimez la musique des bons vieux Dead Kennedys, de la formation japonaise Melt Banana ou, dans un registre post-punk, celle de Savages, vous pourriez tomber sous le charme expéditif et grinçant de Cocaine Piss.

Et quel nom de groupe quand même !