Critiques

!!! (Chk Chk Chk)

Wallop

  • Warp
  • 2019
  • 46 minutes
7,5

!!! (Chk Chk Chk) est un groupe dance punk californien qui a été fondé il y a plus de vingt ans par Nic Offer, le chanteur en culotte courte reconnu pour ses belles jambes et sa présence dynamique sur scène. Le projet s’est démarqué au début du millénaire par sa façon particulièrement heureuse de décrire les hauts et les bas de la culture états-unienne, mélangeant tout naturellement du punk et post-punk à des inspirations funk et disco, et un peu de soleil de la côte ouest également. Leur arrivée sur l’étiquette Warp a confirmé en quelque sorte leur talent pour faire de la bonne musique et de bons shows qui tournent en fête inoubliable. Un phénomène qui se poursuit sur leur huitième album, Wallop, sorti à la fin août, sur lequel on les retrouve en pleine maîtrise de la matière première, avec un élan créatif en équilibre entre la composition planifiée et la spontanéité du moment.   

Let It Change U ouvre sur une ligne de lead synth qui s’éclaircit progressivement jusqu’à ce que la masse rythmique house prenne d’assaut la piste de danse en prenant soin de bien maximiser les basses. Le chanteur Nic Offer prend la parole sur un ton un peu nonchalant et nous invite à laisser le rythme nous changer. Couldn’t Have Known poursuit en élevant l’enthousiasme d’une coche, rebondissant sur une ligne de basse électrique et des accords de guitare acoustique montés comme un agencement d’échantillons disco funk. L’effet d’entraînement est déjà irrésistible qu’Offer s’élance sans hésiter, accompagné par des choristes durant le refrain pour confirmer que la fête est officiellement commencée. Le début expérimental d’Off The Grid passe rapidement à une forme dance funk, laissant le kick prendre le contrôle pendant que la chanteuse soul Meah Pace livre un premier couplet bien cadencé. Ça se densifie jusqu’au refrain, secondé par Offer et Angus Andrew (Liars) pour annoncer aux gens stupides de se lever parce que leur fin est arrivée. La pièce transite vers In The Grid, avec des accords de guitare électrique réverbérée entrecoupés par des claviers itératifs, complétant vocalement en chœur et reprenant même le rythme brièvement pour s’étouffer presque aussitôt. Serbia Drums change de sonorité avec sa forme dance pop décorée de clavier scintillant, ça surprend sur le coup, mais le couplet rock vient équilibrer la pièce avec son côté plus mordant. Offer suit le rythme durant le couplet, mais s’approche vers l’avant durant le refrain, accompagné par Pace et Molly Schnick au chœur.

My Fault repart ça dans une espèce de nu disco tout doux, guidée par une succulente basse monophonique qui rebondit ou glisse d’une note à l’autre en accentuant les contretemps. Offer chante à propos de quelqu’un qui promet que c’est la dernière fois qu’il fait de quoi, qu’il a péché et que ce n’est pas de sa faute si les autres ont mis une chèvre devant lui. Ha!! Ha!! Slow Motion continue le travail à partir d’une ligne de basse ascendante et une guitare électrique rythmée de façon à créer un air tropical par-dessus lequel Offer chante accompagné par les choristes Amanda Lovejoy Street, Cameron Mesirow, Maria Uzor et Nicole Fayu. Le mélange des voix crée une richesse harmonique particulièrement réussie et apporte une teinte de R&B au-dessus du rythme house bien fixé au plancher de danse. Slo Mo continue brièvement la pièce précédente de façon un peu plus expérimentale, comme déconstruite en échantillons. La basse et la guitare électrique ouvrent $50 Million de façon irrésistible, annonçant un rythme auquel on devient immédiatement dépendant (attention!). Pace revient en duo avec Offer, chantant sur la valeur de la moralité et le prix à payer pour changer d’idée. Domino ouvre sur une superbe ligne rythmique funk, avec un petit synthétiseur luminescent arpégé placé sur les côtés. Offer chuchote presque les paroles, comme s’il racontait une rumeur de quartier qui ne devrait pas être écoutée.

Rhythm Of The Gravity complète la transition vers le hip-hop, alourdissant le rythme et superposant les voix comme un montage à la MC Hammer, mais de façon bien plus saturée. UR Paranoid change complètement d’atmosphère avec son rythme techno industriel et ses paroles chantées à répétition, enjambant la piste de danse avec la chambre coussinée de l’hôpital psychiatrique. This Is The Door apporte à nouveau un contraste à la pièce précédente avec son intro adulte contemporain, qui évolue heureusement en nu disco particulièrement festif. Le dernier segment atteint un point culminant qui plane doucement le temps de reprendre sa respiration, et repart ensuite sur This Is The Dub, version effectivement dub de ce qu’on vient d’entendre, simulant très bien la fin d’un spectacle.

Encore une fois !!! (Chk Chk Chk) botte des culs sur Wallop, enchaînant les pièces avec une excitation, un enthousiasme du moment présent et un certain humour face à la culture états-unienne, et sa chute probable. Le résultat est très amusant et apporte un contraste à tous les projets qui abordent ce thème de façon plus sérieuse, ou sombre. Musicalement, l’album renouvelle une formule qui fonctionne à merveille avec une palette très large de genres mélangés au-dessus de la base dansante. Quelque part entre Electric Lady Sessions (LCD Soundsystem) et No Geography (The Chemical Brothers), Wallop complète le trio infernal de l’année qui mettra le feu à votre soirée!

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