
Caroline
Caroline 2
- Rough Trade
- 2025
- 40 minutes
Caroline reprend du service, et surtout, reprend là où la formation avait laissé les choses avec son premier album. Le groupe anglais avait déjà démontré sa capacité à faire une musique audacieuse qui évite les sentiers battus tout en gardant un sens de la mélodie fort. C’est encore le cas sur Caroline 2. La formation avait entrepris le travail sur celui-ci en pensant improviser pour ensuite faire un travail de montage. Finalement, les pièces qui sont sorties des sessions étaient complètes en soi. C’est plus ramassé bien qu’on reste à des années-lumière de la formule conventionnelle du rock.
Le groupe se permet de nombreuses fantaisies sur ce deuxième album. La plus grande est probablement la présence de Caroline Polachek qui vient chanter, pour un duo de Carolines en quelque sorte, sur Tell Me I Never Knew That. L’alliance des deux est très efficace alors que Polachek infuse un plus grand sens de la mélodie pop dans la chanson tout en étant très à l’aise dans les eaux plus expérimentales de la formation.
L’album s’ouvre sur Total Euphoria, une pièce franchement intéressante où les guitares sont hors tempo et suffisamment décalée pour empêcher l’oreille de tomber en écoute passive, sans aller assez loin pour que ce soit dérangeant. C’est curieux, mais tout de même efficace. La pièce se construit comme un climax, allant vers une puissance qu’on connait à Caroline. Et qu’on aime.
Le groupe démontre aussi un bon sens de la mélodie sur Coldplay Cover, une pièce qui ressemble davantage aux moments exploratoires de Sujfan Stevens qu’à la pop-rock du groupe anglais. Ce n’est pas la seule pièce qui fait une révérence à un groupe connu de la Grande-Bretagne, puisque la deuxième chanson de l’album s’intitule Song Two. Une allusion à Blur qui s’arrête vraiment au titre de la pièce.
Si on peut reprocher quelque chose à Caroline, c’est de pousser l’expérimentation suffisamment loin pour que ce soit souvent déroutant. Parfois, ça frappe dans le mille, parfois, on a l’impression que de bonnes idées sont abandonnées en cours de route au profit d’une certaine hyperactivité musicale. Ça demeure des compositions de qualités, mais c’est souvent dur à suivre, surtout d’une pièce à l’autre.
Malgré ce léger manque de cohésion, on peut affirmer sans gêne que Caroline offre une fois de plus un album très intéressant qui s’amuse avec les textures sonores. Le genre de groupe qu’on a hâte de revoir en concert pour déguster les compositions dans un environnement plus libre.