Critiques

Brittany Howard

What Now

  • Island Records
  • 2024
  • 38 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Quatre années suivant l’opus Jaime, la multi-instrumentiste Brittany Howard est de retour avec What Now. L’œuvre de 12 pièces brûle et caresse les tympans avec un son qui nous enrobe de partout. L’univers que l’artiste américaine parvient à créer s’avère de nouveau complet et complexe, un hybride qui oscille avec aise entre plusieurs genres. Autrement dit, les productions, les thématiques et la voix poignante d’Howard saisissent sans angles morts.

L’album écrit, produit et mixé par Brittany Howard salue le renouvellement d’une étroite collaboration avec le producteur et ingénieur de son canadien Shawn Everett. Elle avait travaillé avec ce dernier pour Jaime, mais également pour Sound & Color alors qu’elle jouait dans Alabama Shakes. Outre Everett, quelques collaborateurs tels que le bassiste Zac Cockrell, le batteur Nate Smith et le trompettiste Rod McGaha font joliment partie du projet. En résulte un son qui s’aventure et fait notamment écho au jazz, au soul, au funk, au blues, à la pop, au rock et à l’électro. C’est un voyage qui miroite autour de l’énergie qui se dégage dans Songs In The Key Of Life, album iconique de Stevie Wonder écouté en boucle par Howard dans le processus.

Tout est éclaté, mais se tient ensemble. Il existe une synergie entre les chansons, une fluidité, un parfait dosage. De multiples éléments expliquent cette réussite. Celle qui mérite la première mention est la présence de sons issus de bols de cristal, lesquels sont typiquement utilisés lors de bains sonores. Cet effet relaxant, gracieuseté de Ann Sensing et de Ramona Reid, synapse les trames tout en leur donnant un répit, une bouffée d’air. L’opus forme donc un tout méditatif qui respire fraîchement.

C’est notamment cet aspect éthéré de l’ensemble qui permet de mieux absorber les textes d’Howard, lesquels se veulent plus consciencieux. À ce sujet, qu’importe les productions, la reine de What Now se livre sans retenue, se remet en question sur l’amour et sur un monde qui, pandémie comme post-pandémie, lui apparaît, la plupart du temps, en feu. Le cru de ses mots est, sans détour, ce qui vient le mieux extraire l’émotion véhiculée par ses thématiques. Le tout s’ordonne avec assurance. C’est vibrant, constant dans la non-linéarité et dans la malléabilité de son timbre de voix soul R&B.

Au final, on la suit dans les moments calmes comme dans les moments disjonctés. L’album en soi s’écoute facilement plusieurs fois, n’importe où et à n’importe quel moment. Son débit rêveur et introspectif a encore du zeste à nous offrir même à la dixième écoute.

En terminant sur une note plus que subjective, quelques moments de cet album ont plus particulièrement retenu mon attention. Entre autres, la flottante I Don’t, la fibreuse Red Flags, l’émouvante To Be Still ainsi que la trame jazz Samson ont un je ne sais quoi qui vient gratter le cœur. Les admirateurs de Jaime et de Alabama Shakes seront servis, mais aussi ceux qui ont le désir de se faire transporter dans un monde éclectique raffiné bien maîtrisé.

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