Critiques

Bicep - Isles

Bicep

Isles

  • Ninja Tune Records
  • 2021
  • 49 minutes
7

Le duo londonien Bicep est formé d’Andy Ferguson et Matt McBriar, deux amis de Belfast qui sont déménagés dans l’épicentre de la musique électronique anglo-saxonne pour faire leur place avec un premier album éponyme en 2017. Leur sonorité à l’intersection de la house, de la techno et du disco est reconnaissable par son atmosphère énergisante de début de soirée, avec votre drink préféré et un coucher de soleil sur la terrasse, ou pas. C’est avec une bonne humeur, pour ne pas dire une belle énergie, que l’on retrouve le duo sur Isles, deuxième album qui se démarque du premier avec une palette sonore plus détaillée, une collaboration avec trois chanteuses et des chants traditionnels hindi et/ou bulgare échantillonnés.

Atlas démarre l’album immédiatement sur un filament de voix accompagnée d’une séquence rythmique dance, augmentant en volume avec le clavier ambiant et le synthétiseur arpégé. Le motif de départ est superbe et varie intuitivement en intensité, mais le thème ne va pas plus loin que la boucle initiale. Cazenove commence avec la même combinaison de voix et séquence rythmique, passant à un segment bien réverbéré de cordes numériques. Les percussions phasées à la Kraftwerk apportent un effet d’entraînement assez cool. Apricots change quelques meubles de place et passe du long filament de voix à des échantillons courts, qui accentuent les contretemps et qui jouent sur le niveau de déhanchement.

Saku repart du moule voix et séquence rythmique jusqu’à ce que Clara La San prenne place à l’avant-scène, chantant comme un ange en apesanteur et amène la pièce en territoire dance pop. Lido rebondit joliment au piano réverbéré et prend la direction néo-classique, donnant le temps aux claviers atmosphériques de respirer en thème presque new age. La San revient sur X qui se démarque avec ses percussions scintillantes techno pop devant lesquelles se place une trame vaporeuse légèrement dramatique. Rever poursuit sur une autre séquence rythmique à laquelle s’ajoutent une ligne de basse et un orgue céleste. Le thème est élevé par la voix de Julia Kent, trafiquée comme une transmission radiophonique perdue dans un conduit d’aération; une sorte d’ange désincarnée.

Sundial passe à une forme bien plus dynamique, presque tribale, au-dessus de laquelle un nouveau filament de voix s’étire. La ligne de basse assure de la profondeur pendant que l’arpège au synthétiseur tourne en boucles. Fir conserve le momentum à partir d’un segment percussif en duo avec de la voix échantillonnée, jouée cette fois-ci en accord avec le motif mélodique. Le thème s’élève tranquillement vers un plateau maintenu par le clavier itératif et la basse monophonique. Hawk prend son envol lentement à partir de percussions phasées, de la voix de machina échantillonnées et d’un thème synthwave de fin de film.

Bicep relève le défi d’aller plus loin sur Isles, le rendant possiblement meilleur que leur premier album en matière de raffinement des thèmes, et de la délicatesse des articulations entre les mouvements planants et dansants. Heureusement qu’il y a ce jeu d’intensité, parce que la séquence de départ reste sensiblement la même sur toutes les pièces et ne crée presque aucune tension à aucun moment sur l’album. Cela dit, leur sonorité a très bien évolué et la présence de voix féminines échantillonnées leur a fait prendre une bonne direction qui pourrait commencer à faire penser à du Moderat instrumental teinté de Giorgio Moroder. Intéressant.

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