Critiques

Bibi Club

Le soleil et la mer

  • Secret City Records
  • 2022
  • 35 minutes
8
Le meilleur de lca

Le couple musical formé par Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque (Plants And Animals) a vu le jour en 2016. Après un EP lancé en 2019, Bibi Club nous présentait la semaine dernière son premier long format en bonne et due forme, Le soleil et la mer. Un disque fortement attendu par tout ce qui gravite autour de la musique « émergente » québécoise.

Le duo conjugal avait certes impressionné avec la sortie de son EP, mais c’est le dévoilement des extraits de ce premier album qui a fini par convaincre votre humble scribe. Citant des influences de Talking Heads, Suicide et Stereolab, Bibi Club présente une musique intimiste et légèrement embrumée évoquant la lueur crépusculaire du matin. Enregistré au studio Skybarn de 2020 à 2021, ce sont Basque et Trottier qui ont eux-mêmes réalisé l’album.

Pour bien apprécier Le soleil et la mer, vous devrez scinder votre écoute en trois parties distinctes qui, malgré leurs divergences stylistiques respectives, s’imbriquent entre elles avec une étonnante fluidité. Les trois premières pièces aux allures électro-folk pop sont accrocheuses, ensoleillées et pratiquement naïves. Dans les quatre mains de Trottier-Rivard et Basque, cette candeur chansonnière, aux antipodes de l’infantilisme, est vraiment pertinente.

L’ascendant d’une formation comme Deerhunter s’entend clairement sur l’enchaînement des trois chansons subséquentes : L’oiseau rouge, Le matin et Femme-Lady. Pour le dernier tiers de l’album, Bibi Club nous propose une plongée dans un univers quelque peu expérimental avec Bellini. D’une durée de près de 10 minutes, ce morceau met de l’avant la guitare cristalline de Basque, en plus d’un magnifique tapis de claviers et d’un rythme synthétique assez dansant.

En parfaite concordance avec cette atmosphère sonore tranquille et vaporeuse, les textes du tandem sont simples, mais évocateurs :

Sous nos pas lentement la nuit s’efface

Nous marchons sans trop savoir

Quelle heure il est

– Le matin

Encore une fois, dans Femme-Lady, une sorte d’engourdissement de la conscience se manifeste :

Ne regarde pas derrière

Il est trop tôt, il est tard

Le vent est doux

Les maisons dorment tout autour

Et toi, tu danses toujours

Sous la lune, tu brilles encore

– Femme-Lady

Malgré le fait que ce disque ait été élaboré de manière aléatoire selon les disponibilités familiales — Trottier-Rivard et Basque sont les parents aimants de deux enfants — et même si la paire a misé sur un certain éclectisme stylistique, Le soleil et la mer est un disque cohérent. Et c’est la combinaison entre le jeu de guitare inventif, parfois jazzistique, de Basque, les claviers vaseux et la voix apaisante de Trottier-Rivard qui fait de ce disque une réussite.

Parmi les moments forts, on note L’Oiseau rouge qui recèle un je-ne-sais-quoi de Cocteau Twins. Le matin et Femme-Lady s’apparentent autant à la pop rêveuse de Beach House que la noise-pop de Deerhunter et coup de chapeau à cette superbe prise de risque que constitue l’expérimentale Bellini.

Normalement, le genre de proposition présentée par Bibi Club laisse l’auteur de ces lignes de marbre. Or, ce sont les influences susmentionnées, subtilement intégrées au format chansonnier passablement pop que suggère le tandem, qui a séduit l’auteur de ces lignes.

Un disque idéal à écouter en cette fin d’été qui cogne à nos portes… déjà !

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