Critiques

Alex G

God Save the Animals

  • Domino Recordings
  • 2022
  • 44 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Alexander Giannascoli, alias Alex G ou (Sandy) Alex G, est un auteur-compositeur-interprète qui roule sa bosse depuis une bonne dizaine d’années déjà. Le jeune homme, âgé aujourd’hui de 29 ans, a amorcé son parcours en produisant lui-même ses propres albums. Mais c’est en 2015 qu’il sort quelque peu de l’anonymat en signant avec la réputée maison de disques Domino Recordings et en lançant ce qui constituait son 6e album en carrière, Beach Music.

Deux ans plus tard, il récidivait avec Rocket. Toutefois, c’est avec la parution de House of Sugar (2019) qu’Alex G a élargi sensiblement son auditoire qui, jusqu’à ce jour, était plutôt confidentiel. À la fin du mois de septembre dernier, le Pennsylvanien d’origine y allait avec un God Save the Animals… que vous verrez assurément apparaître dans de nombreuses listes regroupant les meilleurs crus de 2022.

Une bonne portion de cet excellent long format a été enregistrée dans le studio maison de Giannascoli. Or, pour une rare fois, le musicien a fréquenté plusieurs studios d’enregistrement, en plus de faire appel à de nombreux musiciens invités pour mener à terme son album.

God Save the Animals est l’opus le plus intime de la carrière d’Alex G, lui qui aime bien brouiller les pistes, littérairement parlant. Cette œuvre, que l’on pourrait qualifier « d’autofiction sonore », est livrée dans un style onirique qui laisse aussi une grande part aux confidences de l’artiste. Dans l’émouvante Miracles, Giannascoli nous confie sans détour les tourments qui l’assaillent quant à la possibilité de fonder une famille :

You say one day that we should have a baby

Well, right now I’m struggling, we’ll see

You say one day that we should have a baby

Well, God help me, I love you, I agree

– Miracles

Dans Forgive, c’est sa voix plaintive qui s’élève au-dessus de la mêlée et qui nous arrache le cœur, comme s’il fondait littéralement en larmes :

Forgive yesterday

I choose today

– Forgive

Alex G est un musicien qui carbure aux dissemblances stylistiques et instrumentales. Tout au long de l’écoute, vous y entendrez une lutherie diversifiée : piano, guitares, banjos, orgues et rythmes synthétiques, entre autres. En nappant tous ces instruments dans une garniture sonore évoquant à la fois l’indie-rock des années 90 et le country alternatif, en trafiquant la vaste majorité des pistes vocales, Gianascolli personnalise grandement son écriture chansonnière.

God Save the Animals se bonifie exponentiellement au fil des écoutes. Parmi les joyaux prisés par l’auteur de ces lignes, prêtez d’abord l’oreille à Runner qui remémore le meilleur de Tom Petty. Vous serez séduits par Mission et S.D.O.S; deux morceaux orchestrés de façon unique. Cross the Sea est l’une des meilleures chansons pop-rock de l’année, rien de moins. Les murmures de l’Américain dans Blessing, combinés aux étonnants arrangements synthétiques / psychédéliques en fin de parcours, singularisent cette chanson. Le trio conclusif formé de Headroom Piano, Miracles et Forgive combine parfaitement les deux sous-genres musicaux mentionnés au paragraphe précédent.

En fait, avec God Save the Animals, Alex G repousse les frontières de la « chamber pop ». Il s’élève sans aucun doute comme l’un des plus compétents compositeurs de sa génération. C’est clairement le disque le plus intelligible de sa discographie, assurément son plus abouti.

Un incontournable de l’année musicale en cours.