Concerts

The Cure et The Twilight Sad au Centre Bell, le 16 juin 2023

Dans le cadre de la tournée Songs of a Lost World, l’emblématique formation menée par Robert Smith présentait hier soir un premier de deux concerts au Centre Bell. Et c’est The Twilight Sad qui préparait la table pour The Cure.

La formation est enlisée dans une importante panne de créativité depuis près de 15 ans. Le dernier album de la formation date de… 2008! Et malgré tout ce que je peux penser de ces concerts nostalgiques qui se multiplient ces dernières années, je dois admettre que je voue un grand respect pour Robert Smith, lui qui a imposé sa loi concernant les prix des billets pour cette tournée, en plus de pourfendre cette « tarification dynamique » qui contraint les admirateurs moins bien nantis, financièrement parlant, à rester chez eux… ou à dépenser une fortune pour un moment éphémère.

The Twilight Sad

La formation indie rock / post punk roule sa bosse depuis 2003 déjà et compte cinq albums à son actif. Les chansons de The Twilight Sad sont assez sombres et ne sont pas nécessairement les meilleures pour capter l’attention d’un public réuni dans un grand amphithéâtre. Or, à mon grand étonnement, la foule était assez réceptive pour entendre ce post-punk mélodique et, disons-le, assez domestiqué.

Dès les premières mesures de Kill It in the Morning, c’est la qualité sonore exceptionnelle qui a capté mon attention ce qui laissait présager une excellente soirée. Sinon, c’est la voix juste, puissante et claire du chanteur James Graham qui m’a impressionné.

Le batteur de la formation, Grant Hutchison, s’est joint officiellement au groupe tout récemment. Il est le frère de Scott Hutchison, auteur-compositeur-interprète qui a rendu l’âme en 2018 et meneur de la formation indie rock Frightened Rabbit. The Twilight Sad lui a donc rendu hommage en y allant d’une relecture sentie de Keep Yourself Warm, pièce extraite de l’album The Midnight Organ Fight (2008). Le groupe a conclu sa prestation avec [10 Good Reasons for Modern Drugs], pièce tirée du plus récent long format des Écossais, It Won/t Be Like This All the Time (2019).

Somme toute, ce fut une bonne prestation, assez énergique, qui a bien préparé le terrain pour The Cure.

The Cure

Étonnamment, c’est avec quelques nouvelles chansons dans sa besace que le groupe s’est présenté sur scène devant un public enthousiaste et attentif. Sans fla-fla, le groupe s’est lancé avec Alone, une émouvante chanson toute neuve qui contenait de forts liens sonores avec l’album Disintegration (1989), œuvre-phare de la formation. Premier constat : la voix de Robert Smith est intacte.

The Cure a ensuite enchaîné avec Pictures of You et une autre nouvelle chanson, un peu moins mémorable, disons-le. Dans A Night Like This, le solo bruyant et dissonant du guitariste Reeves Gabrels, qui remplaçait le saxophone de la version studio, fut tout à fait réussi.

La formation a fait plaisir à ses fans en y allant de versions précises et senties de Lovesong, Three Imaginary Boys et Kyoto Song. Que dire de cette relecture plus lente de l’emblématique A Forest, un classique parfaitement « curesque » extrait de l’album Seventeen Seconds (1980) ? À cet instant, on a pu apprécier le jeu de guitare subtilement inventif de Smith ainsi que la grande complicité scénique qu’il entretient avec le bassiste Simon Gallup. The Cure a conclu le premier segment de ce généreux concert avec une version assez musclée de From the Edge of the Deep Green Sea de l’album Wish (1992) ainsi qu’une autre chanson inédite.

The Cure a toujours présenté des concerts-marathons. Fidèle à son habitude, le groupe est revenu sur scène pour nous proposer un abondant rappel. S’il n’y avait qu’un seul bémol à émettre sur cette soirée, c’est probablement cette deuxième portion de concert qui manquait quelque peu de tonus. La formation a conclu cette seconde partie avec At Night, Plainsong et une version assez brouillonne de Disintegration.

Qu’à cela ne tienne, le public avide des succès de la formation a obtenu satisfaction lors du dernier rappel. The Cure a alors interprété pas moins de neuf chansons ! Même si je préfère les morceaux plus ténébreux et mélancoliques de la formation, je n’ai pu résister à cet enchaînement constitué de Lullaby, Six Different Ways, The Walk, Friday I’m in Love, Close to Me, Why Can’t I Be You?, In Between Days, Just Like Heaven et Boys Don’t Cry.

Nous avons tous et toutes quitté l’enceinte du Centre Bell en prenant conscience que nous venions d’assister à un excellent concert. Pour ma part, ce fut probablement l’une des meilleures prestations offertes par des artistes-vétérans à laquelle j’ai assisté au cours de ma longue vie de mélomane. Malgré cette nostalgie bien présente tout au long de cette soirée, The Cure n’a pas offert une performance en mode pilote automatique, tant s’en faut.

À la toute fin du concert, l’émotion était à son comble. Le vénérable Smith, âgé aujourd’hui de 64 ans, a accepté avec humilité et émotion toute cette décharge d’amour que le public montréalais lui a offert.

Un beau moment pour un artiste qui mérite le plus grand des respects.

Liste des chansons :

01 Alone
02 Pictures of You
03 A Fragile Thing
04 A Night Like This
05 Lovesong
06 And Nothing Is Forever
07 Three Imaginary Boys
08 Burn
09 Kyoto Song
10 Push
11 Play for Today
12 A Forest
13 Shake Dog Shake
14 From the Edge of the Deep Green Sea
15 Endsong

Rappel 1:

16 I Can Never Say Goodbye
17 It Can Never Be the Same
18 At Night
19 Plainsong
20 Disintegration

Rappel 2:

21 Lullaby
22 Six Different Ways
23 The Walk
24 Friday I’m in Love
25 Close to Me
26 Why Can’t I Be You?
27 In Between Days
28 Just Like Heaven
29 Boys Don’t cry

Crédit photo: Evenko

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