Le sentiment que Swans avait laissé en moi à leur concert de 2015 était encore vif en moi lorsque je me suis mis en route vers la même salle, 8 ans plus tard, pour voir à nouveau Micheal Gira et ses comparses.

Il y a peu de groupes comme Swans. Ses concerts tiennent presque de plus de la messe que du concert rock. Ses fidèles (principalement des hommes blancs entre 40 et 60 ans) sont maniaques et malgré le son tonitruant de la formation, n’osez pas parler pendant une chanson, vous vous ferez avertir. Dans cette enceinte où un sentiment mystique règne, Michael Gira est à la fois musicien, chef d’orchestre, prêtre et peut-être même Dieu réincarné pour certains. C’est Taylor Swift, mais avec des fans qui sont beaucoup moins tentés par les menaces de mort ou les insultes… et aussi des billets pas mal moins chers.

Norman Westberg

Le collaborateur de longue date de Swans n’était peut-être pas de la formation au National en ce mercredi d’automne, mais il officiait la première partie de cette tournée. Norman Westberg crée ses trames en solo avec des boucles de guitares qu’il superpose pour créer des punchs musicaux assez lourds. Tout se fait progressivement, comme chez Swans, pour culminer à des climax plutôt intéressants. Ça demeure de la musique très intellectuelle d’abord et avant tout. En arrivant peu préparer ou en connaissant peu le projet, c’est difficile de réellement plonger dans la proposition de l’Américain, mais ce n’est pas mauvais pour autant. C’est simplement un peu plus dur d’approche. C’est le genre de projet qui pourrait très bien se retrouver sur scène au FIMAV sans gêne.

Swans

Puis, Swans est arrivé pour nous en mettre plein les oreilles à travers deux heures trente de musique intense. Ceux qui n’avaient pas leur bouchon regrettent certainement en ce moment puisque même avec ça, ce matin, mes oreilles ressentent encore l’effet Michael Gira. À 69 ans, l’Américain est toujours très intense au micro, quoique plus calme sur scène. Il a passé la majeure partie du concert assis sur une chaise et s’est levé pour s’emporter deux ou trois fois. C’est différent du Michael Gira d’il y a 8 ans qui était debout et imposant avec sa guitare.

Depuis son dernier passage en sol québécois, Swans a lancé trois albums et ce sont des pièces tirées de ceux-ci que le groupe a jouées uniquement en plus d’ajouter une nouvelle chanson : Birthing qui a terminé la prestation dans une cacophonie puissante et délicieuse. Michael Gira a surtout livré des chansons de The Beggar, paru cette année, et Leaving Meaning, paru en 2019. Pour le faire, il était entouré de Kristof Hahn, Christopher Pravdica, Phil Puleo, Larry Mullins et Dana Schechter. Comme toujours, l’écoute sur scène était incroyable entre les membres et Gira menait le concert d’une main de maître.

Il y a eu plusieurs moments d’intensité musicale impressionnante à commencer par No More of This pendant laquelle les membres de l’équipe de tournée de Swans ont dû changer une enceinte qui a abandonné après avoir tout donné. Ebbing sur scène prenait une autre tangente moins chantée et plus puissante au niveau des instruments. The Memorious a aussi frappé avec ses emportements musicaux efficaces. Entre les salves plus intenses, il y avait des moments de calme où Michael Gira chantait seul à la guitare avant que les autres membres emboîtent le pas.

Swans a confirmé sa réputation de groupe bruyant avec brio alors que même les gens qui travaillaient au bar à l’extérieur de la salle devaient porter des bouchons pour être bien. Ça vous donne une idée de l’intensité de la chose. Deux heures et demie plus tard, j’étais moins troublé intérieurement qu’au dernier passage de la formation. Peut-être que je suis plus outillé pour gérer les émotions que ça suscite qu’en 2015 ou peut-être que les trames des derniers albums sont un peu moins malsaines que celle de The Seer et To Be Kind. Dans tous les cas, c’était une fois de plus une expérience mémorable.

Liste des chansons

1. The Beggar
2. The Hanging Man
3. Ebbing
4. The Memorious
5. Cathedrals of Heaven
6. No More of This
7. Leaving Meaning
8. Cloud of Unknowing
9. Birthing