Concerts

Sun Ra Arkestra à l’église Saint-Denis, le 18 juin 2023

C’est finalement à l’Église Saint-Denis que la mythique formation mouvante The Sun Ra Arkestra a présenté son concert, le dimanche 18 juin, dans le cadre du festival Suoni Per Il Popolo. Initialement prévu à la Sala Rossa, le festival a dû déplacer le concert dans une salle plus grande pour répondre à la forte demande.

Excitée à l’idée d’entendre le jazz intergalactique de l’orchestre iconique, quelle ne fut pas ma surprise de voir qu’ils allaient se produire dans la salle principale ! Et, même si la personne qui présentait le concert a annoncé que les bancs ne devraient pas nous empêcher de danser, la configuration d’une nef d’église laisse peu de place à la spontanéité qu’un plancher de danse peut fournir.

C’est sans parler que la connexion avec le groupe semblait difficile pour qui ne se trouvait pas dans les premières rangées. En d’autres mots, on ne voyait rien et, pour couronner le tout, la qualité acoustique particulière du lieu – n’étant pas prévue initialement pour accueillir des orchestres intersidéraux – les subtilités et les couleurs éclatantes du son particulier de The Sun Ra Arkestra se perdaient dans le mur de son. Néanmoins, une petite poignée d’irréductibles ne se sont pas laissé décourager et ont dansé entre les bancs massifs de l’église durant toute la durée de la performance.

Somme toute, il y a quand même eu des moments forts lors de la soirée. Dans un premier temps, c’est un événement en soi que d’assister à une des performances du groupe né au milieu des années 1950. Anciennement mené par celui qui s’est attribué le nom de Sun Ra, l’orchestre a su traverser les époques et a vu une centaine de musicien.nes passer durant sa riche histoire. Par ailleurs, à sa mort en 1994, Sun Ra a laissé un héritage musical important. Avec plus d’une centaine d’albums enregistrés (!), il est également reconnu aujourd’hui comme un pionnier de plusieurs genres, dont la musique électronique expérimentale ainsi que ce qui sera nommé plus tard l’afrofuturisme. Aujourd’hui, « The Arkestra » est mené par Marshall Allan, saxophoniste depuis les débuts de la formation.  

Si le célèbre saxophoniste n’était pas présent durant le concert hier soir, on peut imaginer que ses 99 ans ont eu à voir avec son absence, le groupe a fait contre mauvaise fortune bon cœur (de la salle et du son) et a joué une performance somme toute endiablée pendant près de deux heures avec toute la verve qu’on pourrait s’imaginer d’eux. Durant le temps d’un concert, ils nous ont amenés dans les différentes époques sonores du groupe entraînant le public dans le sillage de leur large répertoire : du big band le plus pur, au jazz plus conventionnel jusqu’à leurs pièces expérimentales presque diaboliques – qui donnait une autre dimension au lieu culte dans lequel nous nous trouvions par ailleurs.

Un autre plaisir de la soirée se trouvait dans la composition hétéroclite des personnes présentes. Effectivement, différentes générations se sont rassemblées qui rappelait la longue et riche histoire de The Sun Ra Arkestra.  Certaines et certains ont même revêtu leurs plus beaux atours interstellaires pour rendre hommage au groupe reconnu pour son excentricité sur scène. Le concert s’est finalement achevé dans une ambiance électrisée. On ne peut que lever notre chapeau devant le groupe qui a réussi à percer les limites de la salle.

Crédit photo: Suoni Per Il Popolo

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