Concerts

Osheaga 2024 | Cam Kahin, Fcukers, Blonde Redhead, Mannequin Pussy, Arlo Parks, Romy, Bladee, Skepta et un peu de Mélanie Martinez

C’est une belle brochette de performance pour cette première journée d’Osheaga au cours de laquelle les « Free Palestine » étaient nombreux et la musique a parfois laissé place aux artifices visuels.

Photos par Alexanne Brisson

Comme c’est l’habitude, il y avait un peu de moins de monde sur le site en ce vendredi premier après-midi d’Osheaga 2024. C’est un moment où les traversées entre les scènes principales et le reste sont généralement plus rapides. Par contre, en ce chaud vendredi d’août, valait mieux prendre son temps et bien s’hydrater. Y a-t-il des différences cette année? Oui. C’est un peu plus long traverser entre La Rivière et la scène verte. Sinon, le comptoir à bonnes bières semble avoir été troqué pour un bar couvert, mais je n’ai pas eu l’occasion de m’enquérir de la disponibilité des produits. Bref, ça se ressemble quand même beaucoup aux deux dernières éditions.

Une des rares critiques que j’aurais à faire est la trop petite quantité de dispensaires à eau. Il faut dire qu’il faisait chaud en ti-péché en cette première journée et c’est un bon signe que l’eau a été aussi courue par les festivaliers. En temps normal, ça aurait sans doute été suffisant.

En avant la musique

Mon premier arrêt fut Cam Kahin, un jeune torontois qui fait un punk plutôt pop qui m’a plutôt ravi avec sa performance. C’est plus musclé que ce à quoi je m’attendais. Sur son EP de 2023, When It’s All Over, on était plutôt du côté rock, mais avec un bon penchant pop, particulièrement à travers ses mélodies vocales. La formule concert, aplanit un peu ce côté léché et infuse une énergie plus crue aux pièces. C’est bien intéressant.

Le groupe Fcukers a connu un petit buzz après la sortie du double simple Mothers en 2023. Ceux qui pensaient juste faire ça pour le fun se sont retrouvés propulsés au-devant de la scène. Le trio s’amuse en composant des chansons qui font référence à des pièces connues et d’autres inspirées de leurs soirées folles dans New York. Le groupe qui est déjà tanné de l’industrie musicale devait se pincer d’être rendu le genre de groupe qui rend un service à Osheaga quand un artiste annule. Dans tous les cas, le trio a offert une bonne performance qui a tourné autour des pièces qui se retrouveront sur leur EP Baggy$$ prévu pour le 6 septembre prochain.

Un peu plus de rock

Blonde Redhead était en bonne forme pour leur concert devant le soleil qui tapait. Ce n’est peut-être pas le contexte idéal pour ce que le trio américain propose, mais il en a fait fi pour nous présenter un mélange de sa discographie, passant des pièces de leur plus récent album, Sit Down for Dinner, tout comme des albums bien aimés comme Misery Is A Butterfly. Comme à son habitude, le trio a donné une très bonne performance.

Puis, c’était au tour de Mannequin Pussy de prendre la place sur la scène de la Montagne. C’était l’une des performances que j’attendais le plus. Celle-ci a commencé un peu molle. À la fois du côté de Marisa Dabice qui n’avait pas du tout l’air dans le coup que le groupe autour d’elle. Il faut dire que la formation a récemment annulé une tournée européenne en raison d’épuisement. Son jeu de femme sensuelle sur les stéroïdes, résolument une critique sociale, était un peu maladroit en premier quart de concert. Puis, on dirait que tout s’est placé lorsqu’elle s’est fâché sur I Got Heaven, comme quoi parfois, laisser aller la colère, ça peut être salvateur. Elle a au passage attaqué les religions, les gouvernements et les cathos qu’elle a traités de fachos. Le groupe a alors pris une autre tangente beaucoup plus acerbe, puissante et efficace. C’était ce qu’on espérait de la formation de Philadelphie. Colin Regisford a pris le micro pour Pigs Is Pigs avant laquelle il a dit : « Free Palestine. Fuck antisemitism. » Une belle manière de faire un doigt d’honneur à la guerre. Aussi, saluons le « shreddage » de la guitariste Maxine Steen qui ne manquait pas de mordant.

De la visite d’Angleterre (pis c’est pas le roi)

Il devait y avoir pas mal de monde dans ce vol transatlantique puisqu’on a eu trois sensations bien différentes du vieux continent : Arlo Parks, Romy et Skepta. La première a offert une bonne prestation qui a fait égale place à des pièces tirées de My Soft Machine et Collapsed in Sunbeams. Parmi les meilleurs moments, on a retrouvé les excellentes Eugene et Caroline.

Romy nous a plutôt invités dans un club en offrant une version particulièrement électronique des pièces de son album Mid Air paru en septembre dernier. Accompagnée d’une autre personne aux claviers et aux séquenceurs, elle a sauté abondamment sur scène en chantant, interpellant régulièrement la foule. C’était dansant et fort sympathique.

Skepta

Skepta pour sa part a livré ses rimes avec une précision chirurgicale. Le rappeur a même interprété Skepta Interlude de More Life de Drake pour « prouver que ce sont bien ses lignes et qu’il est capable de le faire. » Parmi les bons moments de sa prestation, il a livré un Redrum très convaincant qui lui a assuré l’appui de la foule. Il n’est pas l’un des meilleurs rappeurs anglais pour rien, Skepta a offert une performance digne de ce nom.

De l’apparat

Bladee a offert une performance en dents de scie. À de nombreux moments, il peinait à suivre la trame sonore qui jouait en sa compagnie et certains moments étaient carrément incompréhensibles. Il faut dire que les pièces, bien qu’elle métisse des genres, ne sortent pas du lot dans le paysage musical. Particulièrement en concert alors qu’on remarque que plusieurs des pièces sont construites un peu sur le même rythme. Il accorde une grande importance à l’aspect visuel de son concert, ce qui est tout à fait réussi, mais j’aurais souhaité qu’il mette autant de temps à répéter ses paroles.

Mélanie Martinez

Mélanie Martinez en mis plein la vue pour le tiers de concert que j’ai pu voir : du feu comme dans les concerts de Kiss, un visuel où un spermatozoïde semblait avoir des réflexions très philosophiques pour son état, sans compter son masque à quatre yeux et les danseurs qui ajoutaient beaucoup de mouvement au concert. Par contre, au niveau du contenu, c’est, disons… assez basique. C’est de la pop assez conventionnelle et ça jure avec la proposition esthétique qui est si extravagante. Sa performance s’est terminée sur des feux d’artifices, ce qui est toujours un plus.

On se revoit demain pour une deuxième journée.

Crédit photo: Alexanne Brisson

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